Le secret de Tarantola, le plus vieux magasin d'Annemasse

"Nous faisons partie des derniers dinosaures installés dans les centres-villes", se désole Luc Tarantola, fier de perpétuer la tradition familiale du commerce de textile. Après avoir traversé les Alpes, son arrière-grand-père avait posé sa carriole de colporteur pour acheter ce magasin à Annemasse, où il s'est installé avec le grand-père de Luc Tarantola.

"Ce sont surtout eux, les aventuriers", avoue le chef d'entreprise. Comment une boutique de vêtements, spécialisée dans le milieu de gamme, réussit-elle à traverser le temps ? "Le conseil et le travail à l'ancienne", avoue le directeur de la boutique, qui forme avec ses collaboratrices une équipe proche, soudée et fidèle. "Le B.A.-BA, c'est de dire bonjour, pour que le client se sente accueilli, explique Luc Tarantola. Lorsque je suis entré dans l'entreprise il y a 32 ans, à l'âge de 24 ans, je me suis aperçu que les relations humaines étaient importantes."

Il persuade aussi les collaboratrices de l'intérêt d'abandonner les Scholl ou les sabots pour servir les clients, de se tourner vers de nouvelles marques, d'être dynamiques et de monter en compétence.

Le charme des petites séries

Et ça marche ! Luc Tarantola et son équipe fidélisent une belle clientèle annemassienne, qui vient pour les marques et pour le conseil. "Je ne vends pas mon âme pour un jean. Je préfère dire à quelqu'un : "Revenez dans quinze jours, j'aurais un modèle plus adapté à votre silhouette". On n'est pas payé à la pièce vendue... L'honnêteté commerciale est très importante ! C'est ce qui fait notre longévité", renchérit le président.

En mettant le vêtement à la portée de tous, il revendique aussi de vouloir éduquer les clients à la mode. C'est fort de cette dimension conseil qu'il a renoncé à mettre en place un "click & collect" pendant les confinements successifs. "Ce qui fait le charme d'une boutique comme la mienne, ce sont les petites séries, en 6 ou 7 exemplaires. Un "click & collect", c'est bien quand vous avez du stock et un linéaire de 50 chemises identiques. Je n'avais pas envie de m'engager sur plus de stock, je préférais donner du choix à ma clientèle."

Un parti pris qu'il ne regrette pas, quand il entend les retours de ses collègues commerçants qui se plaignent d'avoir eu beaucoup de travail pour peu de résultat. En revanche, Luc Tarantola a profité de la crise sanitaire pour retravailler les points faibles avec ses collaboratrices en mettant en scène des "sketches de vente" et suivre des formations en ligne sur les techniques de vente, le calcul de la marge auprès de la CCI.

Il est resté très actif sur les réseaux sociaux et ainsi monté un système de bons cadeaux valable un an pour les fêtes de fin d'année, qui a très bien fonctionné. "Mon magasin reste un commerce de proximité. Nous avons eu l'intelligence de savoir analyser nos points forts et nos points faibles et sommes encore plus à l'écoute de nos clients", conclut Luc Tarantola.