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[Étude de cas] Le boulanger Nicolas Gouin favorise la mobilité internationale de ses apprentis

Publié par Amélie Moynot le - mis à jour à
[Étude de cas] Le boulanger Nicolas Gouin favorise la mobilité internationale de ses apprentis
© Arekipa Productions

Boulanger-pâtissier près de Rouen, Nicolas Gouin encourage les expériences à l'international pour ses apprentis. Une démarche d'ouverture qui lui a valu d'être récompensé au Prix du maître d'apprentissage en juin 2018.

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Une voie fermée, l'apprentissage ? L'initiative de Nicolas Gouin, codirigeant de la boulangerie-pâtisserie L'Atelier du Pain, près de Rouen, montre précisément le contraire. Chez lui, les apprentis ont, entre autres, la chance de voyager dans le monde dans le cadre de leur formation.

"J'aurais vraiment aimé avoir l'occasion de partir, j'aurais été heureux qu'on m'accompagne à faire ça, confie ce patron enthousiaste, lui-même passé par cette voie. C'est lever des freins, aider les gens. Pour moi, cela devrait être normal..."

Un engagement qui lui a valu de remporter, mardi 19 juin 2018, le prix "Mobilité internationale" du Prix du maître d'apprentissage, organisé notamment par l'APCMA.

Australie, Chine, Finlande

Pour le dirigeant, tout commence il y a quatre ans. Alors qu'un de ses apprentis rêve d'Australie, il l'accompagne dans la mise en oeuvre de son projet. Quelque temps plus tard, sollicité par la CMA de son département, il accepte de laisser partir une de ses recrues en Chine, pour trois semaines. Le jeune y réalisera des démonstrations de produits, autour du savoir-faire français. Pour le boulanger, pas un engagement à la légère : s'il doit faire avec des bras en moins, il continue de le rémunérer pendant ce temps.

Dernier exemple en date, son apprenti actuel a pu partir deux semaines à Helsinki en Finlande, avec Erasmus, dans une structure dédiée à la fabrication.

Autant d'expériences qui s'avèrent bénéfiques pour l'entreprise. "Cela nous ouvre sur autre chose", explique Nicolas Gouin. Mais surtout, "cela donne vraiment un objectif à tout le monde car le départ est attendu, on aime beaucoup avoir des nouvelles le soir, on met au courant les clients, c'est le fil conducteur pendant quinze jours..."

C'est également un motif de fierté, à plus forte raison pour les parents de l'un des apprentis, également salariés de la boulangerie.

Enfin, conséquence inattendue : l'entrepreneur chinois qui avait accueilli l'apprenti est par la suite venu passer 24 heures dans le village (700 habitants) pour bénéficier d'un aperçu des produits. A la tête de 28 boulangeries, il a songé à envoyer des jeunes venir se former dès septembre prochain. Ce qui pourrait être un moyen, pour le commerce, si le projet se concrétise, de poursuivre sa mue comme représentant du savoir-faire tricolore à l'étranger.

"Effet locomotive" sur le commerce local

Par ailleurs, l'apprenti parti à Helsinki passe trois fois à la radio, sur France-Bleu, durant son séjour scandinave. Dans le cadre d'une communication globale (passages radio du dirigeant pour partager des recettes par exemple, articles de presse locale à l'occasion du Prix...), l'initiative permet ainsi de développer non seulement la notoriété de la boulangerie mais aussi le business.

"Les gens font 10-15 kilomètres pour venir acheter du pain chez nous. Cela fait marcher les autres commerces du village, cela a un effet locomotive", assure Nicolas Gouin.

Des points négatifs ? Le dirigeant en voit peu. "PoGrasur moi, le fait de rémunérer l'apprenti pendant son absence n'est pas un frein mais beaucoup de confrères me disent que ça leur coûterait trop cher", analyse celui, qui, pour défendre l'apprentissage, ne s'arrête pas là. Il est également correcteur en CFA et à l'Institut national de la boulangerie pâtisserie à Rouen.

Sa conviction : "Les apprentis d'hier sont les artisans de demain. Si personne ne s'y met, ce sera la mort de l'artisanat. Heureusement aujourd'hui, il y a une dynamique. L'apprentissage, c'est l'avenir de nos enfants".

Repères

Raison sociale : affaire personnelle
Activité : boulangerie, pâtisserie
Ville : Cailly (Seine-Maritime)
Date de reprise : 2011
Codirigeants : Joséphine Gouin, 35 ans et Nicolas Gouin, 36 ans
Effectif : 6 personnes dont 2 apprentis
CA 2017 : 350 € HT

 
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