Quelle mutuelle pour les pros ?
Santé Alors que les prestations versées par leurs régimes obligatoires sont insuffisantes, les artisans et commerçants sont encore peu nombreux à bénéficier de garanties complémentaires. Face à une offre pléthorique, le choix s'opère au cas par cas. Par Véronique Méot
Je m'abonneSeule la moitié des pros pense à se protéger contre les accidents ou la maladie. C'est du moins ce qu'indique le baromètre de la prévoyance publié par Ciprés Assurances en mars 2017. Un déficit qui serait lié, selon cette étude, à une certaine méconnaissance des dispositifs (71 % ignorent par exemple le montant des indemnités journalières versées en cas d'arrêt de travail par leur régime obligatoire). Le coût, le manque de temps, les formalités médicales, l'opacité des offres représentent des freins supplémentaires.
Surtout, pour les pros, ces contrats sont facultatifs. Or, ils n'ont pas toujours conscience de l'importance des enjeux qui concernent le maintien du niveau de vie de leur foyer et la pérennité de leur entreprise. "Tout entrepreneur doit se poser la question et graduer son choix en fonction de sa propre situation", recommande Mickaël Le Nezet, directeur du marché des professionnels Banques Populaires.
Un marché nébuleux
Il faut néanmoins distinguer la santé de la prévoyance. "Les taux de couverture en santé sont meilleurs, parce que les travailleurs non salariés pensent à leur famille", observe Bertrand Villeneuve, directeur commercial de Ciprés Assurances. Sur ce marché concurrentiel, les offres manquent de lisibilité. Et, selon Bertrand Villeneuve, "la réforme des contrats responsables a ajouté à la nébuleuse".
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Pour rappel, la réforme de 2015 a modifié les critères des contrats de complémentaire santé dits "responsables" afin de lutter contre les centres de coûts trop onéreux (en plafonnant l'optique par exemple) et contre les dépassements d'honoraires (fréquents dans les métropoles). Les contrats responsables sont assujettis à la taxe sur les conventions d'assurances (TSCA) à hauteur de 7% contre 14% pour les contrats non responsables. "Seuls les contrats responsables ouvrent droit à la déduction fiscale du Madelin, indique encore Bertrand Villeneuve. Pour autant, les TNS ont besoin d'être bien couverts pour l'optique et le soin dentaire."
C'est pourquoi Ciprés Assurance contourne ce problème en proposant aux pros une option "contrat non responsable". "Il s'agit d'une offre deux-en-un, avec une petite dose de contrat non responsable dans le cadre d'un contrat responsable, qui procure ainsi un niveau suffisant de garantie tout en préservant les avantages fiscaux", précise-t-il.
En matière de santé, les critères de choix sont multiples. À commencer par la composition du foyer, la nécessité de couvrir - ou pas - le conjoint, la présence d'enfants, les âges des différents membres de la famille, leur état de santé respectif. Au-delà de la situation personnelle, chacun choisira une offre selon ses caractéristiques, les acteurs du marché, essayant de différencier leurs offres. Henner, par exemple, propose une garantie "capital maladie grave" pour couvrir les frais hospitaliers et dispenser le patient de les avancer en cas de traitement long, ou encore des garanties dédiées aux médecines douces (ostéopathie, acuponcture, naturopathie, etc.) pour les aficionados.
Niveau de franchise
Les contrats de prévoyance comprennent les garanties décès, incapacité invalidité, frais professionnels, rente éducation et rente conjoint, capital maladie grave, mi-temps thérapeutique. Là encore, le choix dépend de l'âge et de la situation familiale et professionnelle de chacun. Un entrepreneur qui emploie un salarié prendra soin de contracter une garantie pour frais professionnels, un père de famille le capital décès et / ou la rente éducation, etc. "Le type d'activité est également à prendre en compte, car les risques sont différents suivant l'exposition du pro au risque et la pénibilité de son travail", indique Leila Bousbih, responsable pôle pilotage commercial chez Henner. Entre un couvreur et une fleuriste, l'exposition au risque diffère en effet, même si nul n'est à l'abri.
Les franchises sont à étudier à la loupe. Par exemple, en cas d'arrêt de travail consécutif à un accident, à côté du niveau d'indemnités journalières, il est important d'avoir prévu la date de démarrage de la prise en charge et la durée de l'indemnisation. Une garantie "frais généraux" ou "frais d'exploitation" complète l'offre afin de couvrir les frais de fonctionnement de l'entreprise. Si le chef d'entreprise est jeune, en phase de développement de son activité et chargé de famille, il a besoin de maintenir son niveau de revenu, donc de percevoir des indemnités immédiatement. À l'inverse, un quinquagénaire qui dispose d'un patrimoine conséquent et n'a plus d'enfant à charge peut contracter une garantie avec une franchise à 30 jours. Le nombre de jours, qui diffère selon les compagnies d'assurances, est à vérifier.
Les prestataires ne se différencient guère au niveau tarifaire. Mixer les niveaux de garanties, les options, les délais de franchise permet d'obtenir un tarif acceptable. L'absence de franchise ou sa durée ont un impact direct sur le coût de la garantie. Plus le délai de prise en charge est court, plus la garantie est chère. De quelques euros par mois pour une garantie capital décès facturée à un pro âgé d'une trentaine d'années à plus d'une centaine d'euros pour la complémentaire santé d'un quinquagénaire, les prix font le grand écart. En matière de santé, chacun doit calculer le rapport "coût / reste à charge" souhaité. Et tenir compte des disparités régionales. Les prix varient en effet selon les régions : ils sont plus élevés en Île-de-France, Paca et Hauts-de-France qu'ailleurs. Sortez la calculatrice.
*Source : étude online réalisée par Ciprés Assurances et l'Argus de l'assurance. Elle a été menée du 1 er au 14 février 2017 auprès de 232 travailleurs non salariés.
Des questionnaires médicaux simplifiés
Pour inciter les pros à se protéger, les compagnies d'assurances limitent les contraintes liées aux questionnaires médicaux. Par exemple, Ciprés Assurances facilite les adhésions en ne demandant aux pros inscrits au RSI ayant moins de 55 ans que de remplir une " déclaration universelle de l'entrepreneur " . D'autres prestataires allègent les démarches en proposant des questionnaires réduits, instruits par leurs propres services.