Comment préserver sa trésorerie : stratégie et aides de l'État
La crise sanitaire fragilise les entreprises. Maîtriser sa trésorerie devient un élément stratégique. Pour y parvenir, il faut travailler sur les délais de paiement de ses clients et profiter des aides de l'État.
Je m'abonneEn période de crise, à l'image de celle que nous traversons, le ralentissement de l'activité, voir son arrêt total, fragilise fortement la santé financière des entreprises et par conséquent l'équilibre économique global du pays.
Dans ce cadre, la maîtrise de la trésorerie devient un élément stratégique pour éviter les difficultés. Il s'agit alors de mettre en place un plan de sauvegarde de la trésorerie en retardant les paiements (emprunts, charges fiscales et sociales), mais aussi en accélérant les encaissements.
Toutefois, pour ne pas paralyser les transferts de fonds intra-entreprises et créer une réaction en chaîne, il est primordial de ne pas bloquer le règlement des factures des fournisseurs.
Limiter les sorties de fonds pour renflouer sa trésorerie
Afin de soutenir les entreprises impactées par la crise du Covid-19, l'État et différentes institutions ont mis en place des dispositifs d'aides financières. Ainsi, pour maintenir leur trésorerie à flot, les entreprises peuvent demander l'étalement ou le report de leurs échéances fiscales, seulement s'il s'agit d'impôts directs.
Sont donc concernés l'impôt sur les sociétés, la taxe sur les salaires ou encore la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), charges sociales (Urssaf, retraite...). La TVA et le Prélèvement à la Source ne sont quant à eux pas inclus. De plus, si les entreprises ont déjà réglé leurs échéances de mars, elles ont la possibilité d'en demander le remboursement temporaire.
Par ailleurs, différentes mesures ont été instaurées pour amortir le choc de la crise, au niveau des banques. En effet, en lien avec les dispositifs de garantie mis en place par Bpifrance, les banques peuvent accorder un report, allant jusqu'à 6 mois, des remboursements de crédits pour les entreprises. Les pénalités et les coûts additionnels de reports d'échéances et de crédits ont également été supprimés.
Enfin, un report de paiement des loyers, des factures d'eau, de gaz et d'électricité afférents aux locaux professionnels peut être demandé. Les entreprises qui peuvent bénéficier de ce report sont celles éligibles notamment au fonds de solidarité récemment mis en place par le gouvernement.
Accélérer les rentrées d'argent en préservant les fournisseurs
L'État a ainsi mis en place un Fonds de solidarité doté d'un milliard d'euros pour le mois de mars. Il permet le versement d'une aide défiscalisée entre 1500 euros aux plus petites entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à 1 million d'euros avec un effectif inférieur ou égal à 10 salariés et un bénéfice annuel imposable inférieur à 60.000 euros (corrigé de la rémunération du dirigeant).
Deux types d'entreprises peuvent bénéficier de cette aide : celles qui ont dû arrêter leur activité lors du confinement et celles qui ont connu une perte d'au moins 50% de leur chiffre d'affaires au mois d'avril 2020 par rapport au mois d'avril 2019 ou au chiffre d'affaires mensuel moyen sur 2019. En outre, pour les entreprises qui rencontrent des grandes difficultés financières le montant de l'aide peut s'élever à 5000€ et un remboursement anticipé des crédits d'impôt restituables en 2020 peut être demandé.
De plus, pour les emprunts, les banques ont mis en place des procédures accélérées d'instruction de crédit pour les situations de trésorerie tendues, dans un délai de 5 jours. Cette mesure permet ainsi un apport de fonds rapide. En revanche, les entreprises notées au-dessus de 5+ par la Banque de France sont exclues de ce circuit. Les entreprises se voyant opposer un refus peuvent demander une avance remboursable proposée par l'État qui a déjà débloqué 500 millions d'euros.
Cependant, si les rentrées d'argent rendues possibles par ces mesures sont importantes, il ne faut pas oublier que la priorité pour l'équilibre budgétaire de l'entreprise, reste d'encaisser correctement ses clients. Aussi, il est important de rappeler qu'une entreprise est souvent le client d'une autre entreprise. Elle ne doit donc pas faire subir d'incidents de paiements qu'elle-même n'accepterait pas. En cas de difficulté, un échéancier validé par les 2 parties peut être mis en place. Le maintien de la confiance dans ses partenaires sera primordial pour traverser cette crise sans précédent.
Pour en savoir plus
Yannick Souchet, est expert-comptable et commissaire au compte au sein du cabinet GMBA. Responsable de la ligne " Fiscalité & gestion de patrimoine ", il est spécialisé autour des dispositifs spécifiques aux entreprises innovantes : statut de jeune entreprise innovante (JEI), Crédit d'Impôt Recherche (CIR)... Il intervient également régulièrement auprès de groupes de sociétés sur des missions de consolidation des comptes en normes françaises ou IFRS.