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Prospective : quand les étiquettes proposent plus qu'un prix

Publié par Amélie Moynot le - mis à jour à
Prospective : quand les étiquettes proposent plus qu'un prix

Les points de vente sont de plus en plus nombreux à expérimenter les étiquettes dites intelligentes. Où en sont les commerces de proximité avec ces dispositifs ? Quels sont les avantages et les freins ? Plongée dans le retail de demain.

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Le commerce se digitalise. Un phénomène incontestable. Les points de vente se dotent de bornes et d'écrans interactifs, les cartes de fidélité se dématérialisent, les tablettes numériques s'invitent en magasin.

Reste cependant un espace, en rayon, où le papier continue de faire de la résistance. Car s'il est question depuis plusieurs années des étiquettes dites "intelligentes", connectées au système d'information du point de vente et capables d'afficher des informations de façon dynamique, force est de constater que leur usage, du moins au sein des commerces de proximité, n'a pas encore percé.

"À ma connaissance, les petits commerces ne sont pas encore équipés, observe Jean-Michel Flamant, directeur du SILab, centre d'innovation dédié au commerce du futur, par ailleurs exposant au salon Conext (commerce intelligent), prévu du 17 au 19 octobre prochains à Lille. En revanche, des retailers ont déjà déployé ou sont en cours de développement du système, tout comme certains magasins de proximité de type petits supermarchés."

Question notamment de méconnaissance, de priorités, d'adéquation avec les besoins réels et de coûts, encore élevés (plusieurs milliers d'euros).

Si la solution est encore très peu voire pas adoptée par les petites structures, elle pourrait toutefois - à condition que ces barrières soient levées - prendre de l'importance dans le commerce de demain. En effet, la réponse technique est prête : des fournisseurs comme SES-imagotag, Pricer ou Sitour sont capables de proposer ce type de produits. D'ailleurs, les étiquettes sont aussi expérimentées dans différents laboratoires du commerce, à l'instar du SILab.

Optimisation des processus

Les étiquettes numériques présentent un certain nombre d'avantages pour les commerçants. Elles contribuent en effet à une meilleure gestion du point de vente. "La première raison pour laquelle on peut les choisir, c'est l'optimisation des processus", expose Jean-Michel ­Flamant. Plus besoin par exemple ­d'imprimer des étiquettes papier. Un temps libéré pour d'autres tâches.

Des étiquettes pour optimiser la logistique

Difficile de parler d'étiquettes intelligentes sans évoquer un autre type de dispositif, les étiquettes apposées non pas en rayon, mais directement sur le produit. Là, l'objectif est notamment d'améliorer la gestion logistique et le suivi des stocks en temps réel, en s'appuyant sur des technologies comme la RFID.

"On en parle depuis des années dans le retail, constate Sandrine Jean, directrice de Popai France, l'association des professionnels du marketing au point de vente, à l'origine du salon Marketing Point de vente (27-29 mars 2018, Paris). Cela a pris un essor depuis cinq ans et c'est vraiment visible depuis deux à trois ans, beaucoup en pharmacie, dans le textile".

Les petits commerces restent cependant encore très en marge de la tendance, dans la mesure, notamment, où disposer d'une surface de vente réduite limite l'intérêt du dispositif. Autre frein, les coûts ne sont pas neutres. "Difficiles à chiffrer parce que les usages sont récents."

Le respect de la vie privée pose aussi question. Si le client "oublie" d'enlever son étiquette produit en magasin, rien n'interdit pour l'heure de tracer son parcours, ou de collecter de la data le concernant. Une autre piste de réflexion pour les acteurs du secteur.

Au rang des atouts figurent également la qualité de l'affichage, meilleur voire plus fourni que sur une étiquette traditionnelle, et l'accès à des services complémentaires comme la géolocalisation des produits. "C'est prospectif mais déjà en expérimentation dans quelques points de vente, précise Jean-Michel ­Flamant. L'intérêt, c'est que cela permet de connaître en temps réel le plan merchandising du magasin."

Autre avantage : le commerçant peut connaître exactement la part de linéaire consacrée à telle ou telle marque.

De leur côté, les clients ont également à y gagner, en particulier sur le plan de l'information produit. Au-delà du prix, les étiquettes numériques peuvent en effet indiquer des éléments de description, voire des précisions sur sa disponibilité. Ils bénéficient aussi d'un meilleur service. Certaines étiquettes peuvent les renvoyer directement sur le site de la marque pour passer commande.

Par ailleurs, des étiquettes clignotantes peuvent être utilisées pour attirer leur attention sur une promotion ou pour indiquer à un consommateur ayant préprogrammé une liste de courses dans son téléphone l'emplacement des produits recherchés. Au vu des usages actuels, cela reste très prospectif. Mais les potentialités sont nombreuses. En témoigne cette initiative actuellement menée par trois supermarchés anglais de faire varier les prix des produits en temps réel, en fonction de la demande. Signe que l'expérimentation peut aller très loin...

[Témoignage] Des étiquettes qui en disent long

Fabien Fournier

Inspirés par les étiquettes intelligentes au sens large, certains petits commerces mettent en place leur propre système d'affichage dynamique pour optimiser leur activité. C'est le cas de Storie, spécialisé dans la vente d'objets artisanaux haut de gamme issus du monde entier, disposant de deux points de vente à Paris.

"La connaissance des produits est très complexe à avoir. Elle s'obtient sur le terrain. Seule la fondatrice la possède [Fiona Cameron, NDLR]", détaille Fabien Fournier, gérant de l'un des magasins, à l'origine du projet d'étiquettes. Quand la gérante n'est pas présente dans la boutique, l'histoire des produits doit être rendue accessible au client pour faciliter l'acte d'achat.

Voilà pourquoi les commerçants ont mis en place, pour présenter leurs différentes collections, des étiquettes en bois qui, grâce à une puce NFC, permettent de lire, sur la "storie box" (écran mural 4K et stand avec tablette contrôlant la lecture de la puce) des images et des vidéos détaillant l'histoire de l'objet sélectionné.

Faire voyager les clients

Une installation conçue au départ pour faciliter le travail des vendeurs en leur offrant un support pour leur argumentaire commercial, qui permet aussi de plonger les clients dans l'univers du produit, de façon à la fois pédagogique et connectée.

Même si l'impact direct sur les ventes est difficile à chiffrer, le système semble plaire. "Des améliorations en termes d'ergonomie restent à faire, concède Fabien Fournier. Mais l'apport est fantastique car les images (pays lointains...) sont étonnantes. Les gens peuvent passer du temps à les regarder."

Un investissement de 10 k€, hors contenus, a été consenti. Fabriquées en Angleterre, les étiquettes seules représentent un budget très minime. La box est déployée dans une seule boutique.

La Storie Box permet de délivrer des informations sur l' histoire des produits.


Repères

Raison sociale : SARL Storie (pour la boutique "historique". L'innovation est testée dans la seconde boutique, qui a sa propre structure juridique.)
Activité : vente d'objets artisanaux haut de gamme
Ville : Paris (XIV e arr.)
Année de création : 2011
Dirigeant : Fiona Cameron, 38 ans
Effectif : 3 personnes
CA 2016 : 270 k€
Site Web : Storie

 
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