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Quand un coiffeur affronte la précarité

Publié par Mallory Lalanne le - mis à jour à
David Kodat, à gauche, écume les villes pour offrir aux plus démunis de nouvelles coupes de cheveux
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David Kodat, à gauche, écume les villes pour offrir aux plus démunis de nouvelles coupes de cheveux

À Strasbourg, mais aussi à Paris, à Nice, aux États-Unis... dès qu'il le peut, pendant son temps libre ou lors de voyages, David Kodat, gérant de deux salons de coiffure dans le Bas-Rhin, écume les villes pour offrir aux plus démunis de nouvelles coupes de cheveux.

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David Kodat est l'un des coiffeurs les plus courtisés de Strasbourg. Il gère depuis 2010 deux salons dans le centre-ville. Son nom est connu dans le milieu de la mode et du football. Il coiffe notamment des joueurs du Racing Club de Strasbourg et de l'équipe de Colmar. Et pourtant, ce n'est pas cette expérience que David Kodat étale sur les réseaux sociaux. Depuis deux ans, le dimanche et pendant son temps libre, il quitte son domicile avec sa trousse d'outils et s'en va proposer gratuitement ses coups de ciseaux aux personnes précaires qu'il aborde dans la rue.

Ce déclic, il l'a eu, il y a un peu plus de deux ans, en parcourant la presse. Il y croise le parcours de Mark Bustos, un coiffeur new-yorkais qui offre aux personnes dans le besoin la possibilité de se faire coiffer gratuitement. "J'ai tout de suite voulu faire la même chose", relate David Kodat, qui a par ailleurs participé à la fondation de l'association humanitaire "Les compagnons de l'espoir". "J'avais pour habitude, avec les bénévoles de l'association, de proposer des denrées alimentaires mais pas des prestations de coiffure", poursuit l'artisan qui exerce son métier depuis 15 ans.

Une énergie positive qu'il exporte dans d'autres villes de France et du monde. "Je ne quitte jamais mon matériel. Même lors de mes dernières vacances en Californie, j'ai coiffé des personnes ­démunies", confie David Kodat. Un service rendu dans l'Ouest des États-Unis, mais aussi à Nice, à Paris, en Allemagne, au Royaume-Uni. Plus qu'une coupe, ce pro des ciseaux apporte une présence et entame un échange. "Je parle foot, politique. Je n'évoque jamais leur vie privée, sauf quand les personnes décident de le faire. Je deviens alors parfois leur confident, met-il en avant. Ce service leur permet de ne pas se négliger, faute d'argent, et de restaurer leur dignité".

Montrer l'exemple

Des rencontres qu'il immortalise avec des clichés. Des photos avant/après plutôt spectaculaires qu'il publie sur son compte Instagram, et qui lui valent d'être suivi par près de 7 000 abonnés. "Je ne fais ça ni pour la gloire, ni pour avoir des trophées. Je ne fais pas ça non plus pour doper l'activité de mes salons. Le plus important, c'est l'action que je réalise. Il faut sensibiliser les gens et faire en sorte qu'ils regardent autour d'eux", souligne le jeune patron, qui assure ne pas avoir recensé le nombre de personnes coiffées dans la rue.

S'il reste discret sur sa réussite, David Kodat n'en reste pas moins influent. En intervenant dans des centres de formation, il est parvenu à convaincre une classe de lycéens de brevets ­professionnels de participer prochainement à une maraude. En essayant à son échelle "d'apporter un éclairage à cette réalité", il coiffe sur le poteau les idées reçues.

 
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