Alain Afflelou : "La réussite n'a pas perturbé mon comportement"
Alain Afflelou, c'est une aventure entrepreneuriale exceptionnelle. Fort de son succès mondial dans l'optique, il s'attaque depuis six ans au marché de l'audition. Focus sur le parcours et la stratégie d'un homme avant tout passionné.
Je m'abonneVous avez une cote de popularité très forte auprès des entrepreneurs. Comment l'expliquez-vous ?
Je suis, potentiellement, un petit chef d'entreprise. Certes, le groupe Afflelou est imposant aujourd'hui mais j'ai démarré comme eux, peut-être même plus petit. Par ailleurs, ma réussite n'a ni perturbé mon comportement, ni ma philosophie, ni ma doctrine.
Je conçois mon activité, ma relation aux clients et aux fournisseurs de la même façon. Cela donne une notion de proximité. Nous avons aussi beaucoup communiqué autour de ma personne. Et ce de façon décalée. Nous avons un peu déconné dans la pub tout en restant sérieux dans notre métier.
Vous avez aussi gardé votre franc-parler...
Je ne sais pas si je dis ce que je pense, mais je ne dis jamais ce que je ne pense pas ! Je ne suis pas un écrivain, ni un homme politique ou un éditorialiste. J'essaye de rester à ma place. Mais lorsqu'on me demande de m'exprimer sur des sujets que je maîtrise, je le fais. Et je n'embellis jamais les choses.
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Quel est le secret de votre réussite entrepreneuriale ?
Il n'y a pas de règles. Pour moi, l'une des raisons de ma réussite, c'est que je fais un métier qui me passionne, pour lequel je suis diplômé. Par ailleurs, je pratique ma profession avec beaucoup d'amour. Quand on adore ce que l'on fait, par la force des choses, on le fait bien, c'est-à-dire avec conviction. Je ne suis jamais sorti de ma trajectoire. Je suis opticien et audioprothésiste et c'est dans ce secteur que j'ai développé mon activité. À mes yeux, il n'y a pas de règles pour réussir, outre le travail.
Vous êtes aussi capable de garder un cap contre vents et marées. Je pense au lancement de Tchin Tchin, qui n'a pas été bien perçu à l'époque...
J'espérais être critiqué à ce moment-là. La raison ? Tant que j'étais décrié, je n'étais pas copié. Je savais que cela ne durerait pas et que, tôt ou tard, la profession ferait comme moi. Il fallait donc marquer les esprits rapidement. Avec le recul, je ne dirais pas que je ne me suis pas trompé, mais j'ai eu raison.
Si mes concurrents m'avaient laissé seul dans mon coin, les consommateurs se seraient peut-être posé des questions. Pourquoi est-il le seul à proposer une offre aussi avantageuse ? Ce doit être truqué... Mais quand j'ai été copié, cela a mis en valeur mon offre. Même aujourd'hui, les Français qui vont chez d'autres opticiens demandent s'ils font Tchin Tchin.
Le conseil vidéo d'Alain Afflelou aux entrepreneurs
Tout le monde se souvient de votre communication "On est fou d'Afflelou". Vous incarnez fortement votre entreprise, n'est-ce pas un risque ?
C'est une question qu'on peut se poser. Mais il y a eu d'autres chefs d'entreprise qui ont été à l'origine de concepts forts, qui ont disparu et dont l'entreprise est toujours là, plus forte. Je pense à Dior, Renault, Michelin, etc. L'incarnation n'est pas un risque pour une entreprise.
C'était une volonté de vous mettre en avant ?
Je n'ai jamais voulu que la société repose sur mes épaules. Cela a été un concours de circonstances. Le plus important, c'était que les clients aillent chez un opticien, pas dans un magasin. Par exemple, il est possible de dire je vais chez Alain Afflelou, mais c'est plus difficile de dire je vais chez Kriss, car il n'y a pas de M. Kriss ou de M. Atol.
Encore aujourd'hui, certains franchisés reçoivent des chèques au nom de monsieur Alain Afflelou. C'est dommage, d'ailleurs, qu'ils ne me les apportent pas directement (rires) !
Comment décririez-vous le groupe en chiffres ?
Le groupe Afflelou compte plus de 1 400 magasins dans 16 pays. Nos deux marchés principaux sont la France et l'Espagne (incluant Andorre). Mais nous sommes présents en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Algérie, au Chili, en Chine, en Côte d'Ivoire, au Liban, au Maroc, au Sénégal, en Thaïlande...
Nous disposons de 254 magasins audio en France et en Espagne répartis comme suit : 200 en France et 54 en Espagne. Nous avons réalisé 890 millions d'euros de chiffre d'affaires TTC au 31 juillet 2017.