Recherche
Magazine Commerce Mag
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine

[Dossier] Quand le digital fait grandir les petits commerces

Publié par le | Mis à jour le
[Dossier] Quand le digital fait grandir les petits commerces

Non, le digital n'est pas l'ennemi du commerce de proximité ! En augmentant la visibilité des petits commerces et en les dotant d'outils modernes et interactifs, le numérique est aussi un booster de chiffre d'affaires. Beaucoup de commerçants l'ont aujourd'hui compris et entrent dans la dynamique...

Je m'abonne
  • Imprimer

Aujourd'hui, un commerçant sur deux n'a pas de visibilité sur Internet. Deux commerçants sur trois ne sont pas présents sur les réseaux sociaux. C'est en constatant que les commerçants indépendants étaient encore peu présents sur le digital que Maxime Bedon et Jonathan Chelet, ont fondé il y a deux ans la société Petitscommerces. "Nous souhaitions accompagner les commerçants indépendants dans le numérique, en augmentant leur visibilité et en valorisant le commerce de proximité auprès des consommateurs", expliquent-ils. Tous deux fils de commerçants, ils souhaitaient que les petits commerçants puissent, eux aussi, prendre le train du numérique.

En chiffres

90% : c'est la part du commerce physique dans la vente au détail

42% : c'est la part des commerçants indépendants présents sur le web

60% : c'est la part des commerçants présents sur le web qui actualisent leurs informations au moins une fois par mois

Source : baromètre digitalisation des commerces réalisé par la CCI Île-de-France auprès de 2000 commerçants franciliens (mai 2016)

Les étapes clés de la présence digitale

Faire connaître une poissonnerie de qualité, un chocolatier Meilleur Ouvrier de France, un fleuriste spécialisé dans le jasmin ou une librairie qui vend un livre introuvable, c'est désormais possible grâce à Internet. La première étape d'une présence digitale passe le plus souvent par la création d'une page ou d'un site Internet. Les deux fondateurs de Petitscommerces ont ainsi créé la première plateforme nationale dédiée au commerce de proximité indépendant, sur laquelle chaque commerçant dispose d'une page de présentation dédiée, entièrement réalisée par l'équipe de Petitscommerces pour 290 euros, plus cinq euros d'abonnement chaque mois.

"Pour que la page soit vivante, nous y intégrons ce que le commerçant publie sur les réseaux sociaux ", indique Maxime Bedon, chargé du développement. Car il ne s'agit pas seulement d'avoir un site, il faut le faire vivre ! Une fois présent sur la toile et familier de ce premier outil, le commerçant peut envisager d'aller plus loin sur le digital, en se formant sur la maîtrise des réseaux sociaux, comme Facebook® ou Instagram®.

Instagram est notamment le nouvel outil à la mode et un véritable accélérateur de notoriété et de fidélisation chez les consommateurs actifs sur les réseaux sociaux, comme les trentenaires ou les Millenials, nés à l'orée du siècle. Cyrille et Raphaël, fondateurs du Corner du fromager, l'ont compris. Anciens cadres d'entreprise, en reconversion professionnelle, ils ont fait le choix de publier régulièrement sur leur compte Instagram des photos du chantier d'installation de leur boutique dans le XIe arrondissement de Paris.

Ils ont ainsi constitué un coeur de followers fidèles, qu'ils informent de l'arrivée de spécialités ou de nouveaux produits en quasi temps réel. Deux mois après son ouverture, le magasin a alors pris le temps de peaufiner et de lancer son site Internet. C'est par cet intermédiaire qu'il propose ainsi une offre Pick & Collect, avec préparation en boutique de la commande adressée par téléphone.

Autre fromagère très active sur les réseaux sociaux, Charlène Bouy de la fromagerie Charlicot à Saint-Ambroise, n'hésite pas à se mettre en scène dans ses posts Instagram et a créé un véritable fan-club autour de ses petites vidéos de produits. Mais ce storytelling, ou cette manière de raconter des histoires, n'est accessible qu'aux commerçants les plus aguerris dans la maîtrise des réseaux sociaux.

Des outils désormais accessibles à tous

Pourtant, outre les réseaux sociaux, tous les outils qu'utilisent les grandes enseignes, mais qui n'étaient pas jusqu'à présent accessibles au commerce de proximité, deviennent envisageables dès lors que l'on dispose d'une connexion et d'un site Internet : développement d'un fichier client, envoi d'emails promotionnels, ciblage des clients du quartier via Facebook®, campagne de SMS ciblés auprès des clients... "Tous les outils numériques, y compris le Click & Collect, ont en définitive pour intérêt de faire venir les clients en boutique et d'augmenter la visibilité d'un commerce dans son quartier", remarque Jonathan Chelet, cofondateur avec Maxime Bedon de Petitscommerces.

Le numérique offre aux petits commerçants des services qui n'existent peut-être aujourd'hui que chez les plus grands (logistique, fidélisation) et leur permet d'étendre leur visibilité auprès de la clientèle du quartier, ou d'ailleurs. Et c'est le meilleur moyen de contrer les géants de la livraison en ligne, puisque le client s'aperçoit qu'il peut trouver le produit dont il a besoin en bas de chez lui ! "Aujourd'hui, le commerçant a des outils à sa disposition, il faut qu'il s'en saisisse. Ce n'est qu'une fois qu'il se les sera appropriés qu'il pourra envisager de recourir au Click & Collect ou ouvrir un site d'e-commerce. Il ne faut surtout pas brûler les étapes !", conclut Maxime Bedon.

Témoignage

"Les réseaux sociaux, pour moi, c'est essentiel ! Un commerce aujourd'hui ne peut pas survivre sans"

C'est dès l'ouverture de sa boutique que Charlène Bouy a fait le choix de ne pas avoir de site Internet. En revanche, elle a investi beaucoup d'énergie dans les réseaux sociaux. "J'ai créé une page Facebook, aujourd'hui consultée par les clients du quartier qui nous connaissent déjà, et un compte Instagram, sur lequel j'ai 1 444 followers", annonce-t-elle. Elle a aussi un compte Instagram qui a été le plus remarqué par les étudiants du Contrat de qualification professionnel de fromagerie, à Paris. "Sur Instagram, on peut mettre des photos plus rigolotes et faire preuve d'humour. Mon mot d'ordre, c'est "on se détend, c'est du fromage !"", s'amuse-t-elle.

D'où un management tout aussi décontracté : "Nous travaillons en jean et baskets, pas en noeud papillon. C'est du fromage, il faut que cela reste détendu." Son compte Instagram lui amène une clientèle internationale et a été repéré par des influenceurs et des blogueurs, qui parlent de sa boutique ! "Nous avons même été invités à faire le buffet de fromages de la soirée spéciale influenceurs du CNIEL, l'interprofession de la filière laitière", souligne-t-elle.

En fait, pour Charlène les réseaux sociaux, c'est la meilleure des publicités. Lorsqu'elle poste les photos des nouveaux produits, les clients les voient et viennent en magasin pour les acheter. Chaque dimanche soir et le lundi, pendant les horaires de fermeture, elle reçoit 4 ou 5 commandes via Messenger ou la messagerie d'Instagram. En octobre, lorsque qu'elle a posté ses cagettes de fromage à raclette, cela a tellement donné envie aux gens que depuis, cela n'a pas arrêté !

Raison sociale : Charlicot

Activité : fromagerie, cave à vin

Siège social : Paris, XIe

Création : décembre 2015

Dirigeant : Charlène Bouy, 36 ans

Effectif : 3 personnes

CA 2017 : 340 K€ (+20 % par an)

Une vraie palette de services numériques

Se former au numérique pour développer son activité

Pour faire quoi ? Favoriser le référencement de son site à l'aide de mots-clés, maîtriser les réseaux sociaux comme Instagram ou Facebook, lever des fonds via le financement participatif.

Qui peut vous aider ? petitscommerces.fr - costo.paris - tudigo.co - fr.ulule.com - digishop.fr - lesfoliweb.fr - lesdigiteurs.cci-paris-idf.fr -

Expérimenter des solutions innovantes

Pour faire quoi ? Une nouvelle solution de paiement, rejoindre une monnaie locale, faire appel à un service de livraison de proximité, fidéliser vos clients avec des offres promotionnelles...

Qui peut vous aider ? papam.fr - epicery.com - lyf.eu/fr - leshabitues.fr - billee.fr -

Valoriser votre commerce

Pour faire quoi ? Créer un site Internet qui raconte l'histoire de votre magasin ou de votre marque, vous implanter au bon endroit, faciliter les relations avec la presse locale, nouer des partenariats...

Qui peut vous aider ? costo.paris - mytraffic.io - petitscommerces.fr - cmarue.fr - desclientsdansmonmagasin.com -

Créer de l'animation autour de votre boutique

Pour faire quoi ? Organiser des ateliers cuisine ou des dégustations pour les touristes, participer à des balades locales, vous impliquer dans les réseaux numériques de voisins...

Qui peut vous aider ? airbnb.fr - nextdoor.com - mesvoisins.fr -

Un retour sur investissement mesurable

Autre avantage de la présence sur Internet ou sur les réseaux sociaux, la possibilité de mesurer sa visibilité et son audience. Auprès de ses quelque 200 clients commerçants, dans quatre villes en France (Paris, Bordeaux, Nantes et Saint-Nazaire), la plateforme Petitscommerces. fr offre un compteur de visites en ligne et met actuellement en place un système de tracking SMS, qui envoie à chaque nouveau client qui se connecte un SMS avec une offre de réduction. Il suffit au client d'entrer son numéro de portable sur la page de présentation dédiée pour recevoir l'offre de bienvenue dont il bénéficiera lors de sa première visite. "Outre l'acquisition de nouveaux clients et la constitution d'une base de données, ce système permet d'attirer les internautes en boutique", souligne Maxime Bedon, fondateur de la plateforme Petitcommerces.

Pionnière dans la digitalisation du commerce de proximité, grâce à son outil CoSto, ou Connected Store, réservé à ses locataires, la Semaest acquiert, gère, commercialise et anime 650 locaux commerciaux dans certains quartiers de Paris, pour les revitaliser. "Les commerçants sont souvent très sollicités et ne savent pas quel fournisseur choisir pour les aider. La Semaest leur permet d'accéder à toute une palette de services numériques et d'expérimenter des applications, sans engagement et sans risques. C'est dans ce cadre que nous avons développé CoSto ou Connected Stores, pour favoriser la rencontre entre les 1 300 commerçants de notre réseau et l'écosystème des start-up du numérique", argumente Emmanuelle Hoss, directrice générale de la Semaest.

Enclencher une nouvelle dynamique

"Les commerçants sont nos locataires, nous avons donc tout à fait intérêt à ce que leur activité perdure", souligne Sabrina Le Bourgeois, directrice de la communication, de l'animation et des partenariats à la Semaest, persuadée que le numérique peut permettre de développer l'activité des commerces de proximité. Grâce au partenariat avec la start-up Hopfab, le premier site en ligne pour acheter un meuble sur-mesure auprès d'artisans français sélectionnés, Estampille 52, un ébéniste installé au Viaduc des arts, dans le XIIe arrondissement de Paris, a sauvé son chiffre d'affaires. Adrien Ancel a testé Hopfab dans le cadre d'une expérimentation CoSto et travaille toujours avec cette start-up aujourd'hui.

Témoignage

"Les projets conclus grâce à Hopfab représentent une part conséquente de mon chiffre d'affaires"

Depuis 2016, Adrien Ancel collabore avec HopFab. Cette start-up, qui met en relation ébénistes et clients particuliers ou professionnels, est un excellent apporteur d'affaires. "Les projets conclus par son intermédiaire représentent aujourd'hui un peu moins de la moitié de mon chiffre d'affaires", affirme le dirigeant. HopFab permet une approche B to B très constructive, qui permet de travailler plus facilement avec des architectes et designer d'intérieur.

Raison sociale : Estampille 52

Activité : ébénisterie

Siège social : Paris, XIe

Création : décembre 2015

Dirigeant : Adrien Ancel, 44 ans

Effectif : 4 personnes

CA 2017 : 220 K€ (+20 % par an)

De son côté, la pâtissière Emma Duvéré, après avoir aménagé son laboratoire de pâtisserie grâce au financement participatif, qui lui a permis de se constituer une clientèle de quartier, est devenue une pro d'Instagram pour communiquer sur ses dernières créations et ses nouvelles offres. Même cas de figure avec Béatrice Poujade, fondatrice de Petit B., un café-librairie installé à Nantes. Graphiste de formation, elle s'est quand même fait accompagner par la plateforme Petitscommerces pour dynamiser son compte Instagram, ce qui lui permet aujourd'hui de compter 1 142 abonnés, qui s'informent sur le menu du jour.

Enfin, le numérique peut aussi servir d'outil pour la revitalisation commerciale ou l'implantation de nouveaux commerces. Cmarue complète ainsi les études d'implantations classiques par une concertation participative avec les habitants, pour permettre aux commerçants de trouver leur emplacement idéal, de mieux connaître leurs futurs clients et d'améliorer leur chalandise. "Nous invitons les habitants à se mobiliser pour les locaux commerciaux vacants de longue date en bas de chez eux. Grâce à l'expression de ce besoin, le commerçant pourra s'appuyer sur une pré-clientèle en les invitant à l'ouverture du magasin", souligne Nadia Tiourtite, cofondatrice de Cmarue.

Fin 2017, ce nouveau service a été testé dans le quartier Amérique, dans le XIXe arrondissement de Paris. 2 000 besoins ont été exprimés par les habitants et un rapport d'implantation participatif a été remis aux commerçants du quartier qui souhaitaient mieux connaître leur clientèle. Ce dispositif est aujourd'hui déployé par deux communes de la région parisienne et sera prochainement testé par la ville de Fécamp, pour la revitalisation de son centre-ville.

Et vous, où vous situez-vous ?

La tribu des " très digitalisés " (15 % des commerçants indépendants)

Nouveau commerçant ou nouvel artisan, vous êtes un trentenaire hyper connecté, diplômé d'une école de commerce ou ancien cadre en reconversion professionnelle. Le digital n'a aucun secret pour vous...

La tribu des " digital suiveurs " (70 % des commerçants indépendants)

Vous avez ouvert votre commerce il y a une vingtaine d'années et espérez continuer votre activité pendant 10 ou 15 ans. Vous avez une page Facebook ou un site Internet que vous peinez à mettre régulièrement à jour. Vous avez besoin d'être accompagné...

La tribu des " non connectés " (15 % des commerçants indépendants)

Proche de la retraite, vous ne vous sentez pas du tout concerné par le numérique et pensez pouvoir achever votre carrière sans savoir ce qu'est une souris. Et vos petits-enfants, qu'en disent-ils ?

Revitaliser les centres-villes, un volet numérique

De nombreuses autres villes en France, dans le cadre du plan Action coeur de ville qui promet une aide de 5 millions d'euros pour 222 centres-villes en difficulté, ajoutent désormais à leur plan de revitalisation commerciale un volet numérique. Le plan prévoit en effet d'accompagner les commerçants dans la transition numérique et la mise en place de e-services de qualité. Ainsi, à Belfort, la municipalité veut créer une plateforme de e-commerce, proposée par la société E-City, pour ses commerçants de proximité. Chaque commerçant pourra ainsi mettre en ligne ses produits, que les clients pourront récupérer en boutique ou via une offre de livraison à 5 euros. L'objectif de cette plateforme sera d'apporter du flux dans les magasins belfortains.

C'est le même esprit qui anime les fondateurs d'Epicery, une nouvelle application de livraison en ligne. Avec Epicery, les clients peuvent se faire livrer des produits frais des artisans et des commerçants de leur quartier ou du centre-ville depuis leur ordinateur ou leur smartphone, en quelques clics. Partenaire de plus de 400 commerçants de quartier, la plateforme propose par exemple aux Parisiens de livrer les achats qu'ils effectuent auprès des commerçants du célèbre marché d'Aligre, primeur, fromager ou boucher, et de passer une seule et même commande pour un minimum de 20 euros. Du physique au digital, il n'y a qu'un pas !

 
Je m'abonne

NEWSLETTER | Chaque semaine, l'essentiel de l'actu

La rédaction vous recommande

Retour haut de page