Market places locales : alliées des petites entreprises
En valorisant le savoir-faire national, régional ou départemental, certaines market places répondent au besoin de visibilité des petites entreprises et à la quête de sens des consommateurs. Aperçu.
Je m'abonneDansMaZone, Achetez-en-boulonnais et autres Angers Shopping... 2020 a vu se multiplier les places de marché locales sur internet. Il faut dire que le contexte pandémique a favorisé le mouvement, incitant l'achat en ligne.
Début 2021, la Fédération de la vente à distance constatait que les places de marché avaient progressé de 27 % en 2020, soit deux fois plus vite qu'en 2019. Pour autant, quand on parle de places de marché, le leader mondial Amazon tient toujours le haut du pavé en France, avec une audience de 37,6 millions de visiteurs uniques en décembre 2020, devant Cdiscount (26,2 millions) ou la Fnac (24,3 millions), selon Médiamétrie/Netratings.
À côté de ces géants, les acteurs locaux se sont lancés avec, en commun, la volonté de rendre visibles les offres françaises, qu'elles émanent de commerçants, d'artisans ou de producteurs. " Notre site a démarré en mai 2020, relate Benoît Venessy, fondateur d'Onachetefrancais.fr. Les marques nous sollicitent pour avoir un canal additionnel, sachant que les petites ne seront pas noyées dans l'offre et que les marques les plus importantes renforcent leur capital sympathie en apparaissant au côté d'acteurs locaux. "
Réseaux sociaux
Même logique pour PlaceVendee.fr, lancée en 2019. " Nous référençons des entreprises qui ont toutes un Kbis en Vendée, explique Céline Eckert, directrice associée. Les touristes, une fois rentrés chez eux, aiment continuer à consommer nos spécialités : mogettes, brioches, etc. Les trois-quarts des ventes partent hors du département. "
C'est sur ce même registre que jouent SudCorner.fr ou CorsicaMarket.fr. Mais il est également possible de se faire référencer sur une market place verticale, dédiée à un secteur. Bonschocolatiers.com rassemble ainsi 25 artisans chocolatiers français, dont elle met en avant le savoir-faire : " Nos artisans se distinguent par la qualité de leurs produits, sont connus localement, mais n'ont pas de temps à consacrer à leur digitalisation. Nous leur proposons un service complet : référencement, animation du site via les réseaux sociaux et suivi clients ", indique Marc Valat, cofondateur du site.
Les plateformes mettent en avant les entreprises référencées, via leur blog, chaîne Youtube et compte Twitter. " Nous avons plus de 2 000 abonnés sur nos réseaux sociaux ", précise Céline Eckert. Sur Bonschocolatiers.com, les artisans (dont six sont Meilleurs ouvriers de France) font l'objet d'une story-telling soignée présentant leurs parcours et spécificités.
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Entraide
Côté modèle économique, les places de marché se rémunèrent par abonnement assorti de services plus ou moins étendus, voire en prélevant une commission sur les ventes réalisées via leur site. PlaceVendee.fr facture ainsi 29 à 89 euros par mois, Onachetefrancais.fr, 10 euros par mois, tandis que Cocote.com prend 7 % sur les ventes de ses partenaires. " Nous offrons des fonctionnalités telles que le click and collect, la livraison collaborative ou le cash back ", argumente Olivier Decan, fondateur de Cocote.com. Cette place de marché met en avant des produits écoresponsables, à travers un éco-score.
Les TPE/PME choisissent souvent de vendre via une market place à la faveur d'une rencontre avec les fondateurs, avec qui le courant passe. La marque d'hygiène de la personne et de la maison Vhyg s'est lancée en 2020 : " Avec la crise de la Covid, le budget communication que je prévoyais pour me faire connaître a été rogné, j'ai donc cherché une solution de visibilité et de vente digitale, relate Caroline Dadat, fondatrice de Vhyg. Mon entourage m'a poussée vers Amazon, mais je m'y suis refusée, préférant les sites français. Je me suis tournée vers Onachetefrancais et MamiePaulette, pour le BtoC ", rassurée d'avoir affaire à une place de marché locale et jeune. " On apprend les uns des autres, il y a un esprit d'entraide et de compréhension ", apprécie Caroline Dadat.
Le chocolatier Ivan Delaveaux, implanté à Lamorlaye (Oise) a quant à lui, recours à la place de marché Bonschocolatiers.com depuis 2018 : " Ce référencement m'a permis d'élargir ma clientèle aux quatre coins de la France et de toucher également des entreprises. Par ailleurs, je viens de lancer mon propre site marchand et Bonschocolatiers.com m'a aidé sur la vente à distance. "
Implication nécessaire
Pour Ivan Delaveaux, les ventes digitales via Bonschocolatiers représentent de 5 à 10 % du chiffre d'affaires selon les périodes. Mais le recours à une place de marché impose aussi des contraintes. " Le producteur doit s'impliquer, insiste Céline Eckert. Il ne s'agit pas juste d'afficher quelques produits, il faut proposer des nouveautés, faire des coffrets cadeaux, être réactif face aux commandes, se prêter à la mise en avant sur les réseaux sociaux. "
Enfin, le trafic sur les sites locaux est incomparable à celui d'Amazon, géant actif depuis 27 ans. Onachetefrancais.fr attire pour l'heure 10 à 12 000 visiteurs par mois, PlaceVendée.fr en revendique 24 000. Cependant, la force de ces acteurs est la réactivité : tous misent sur l'engouement pour le e-commerce et le made in France pour se développer.
Témoignage
" Une solution pratique pour démarrer l'e-commerce "
Véronique Sicard, présidente de la boulangerie Sicard
Spécialiste de la brioche vendéenne depuis 1973, la maison Sicard compte 20 boulangeries et briocheries dans le département et les départements limitrophes. Elle fabrique également pour les collectivités et la grande distribution. " Nous souhaitions rendre nos brioches accessibles à l'année, pour tous nos clients de passage qui nous rendent visite lors de la saison touristique, explique Véronique Sicard, dirigeante de cette entreprise familiale. C'est pourquoi nous avons rejoint PlaceVendée.fr, d'autant que nous n'avions pas forcément les moyens de nous lancer seuls dans l'e-commerce. Avec ce site, nous avons bénéficié d'une solution clés en mains. "
La boulangerie Sicard défend l'identité vendéenne, c'est donc naturellement qu'elle a rejoint la place de marché référençant les produits locaux. Actuellement, la boulangerie expédie 5 à 10 colis par semaine pour les commandes émanant du site. " Nous avons beaucoup appris, notamment sur les impératifs de livraison, sur la mise en avant de certains produits, sur l'animation des ventes et le paiement en ligne ", résume Véronique Sicard. Autant d'enseignements utiles pour un éventuel développement futur sur internet.
Boulangerie Sicard, Le Fournil vendéen
Fabrication de pain et pâtisseries
Véronique Sicard, présidente, 53 ans
Deux SAS créées en 1979 et 2009, 230 salariés
CA 2019 : 18 M€