Commerce de proximité : comment le secteur du paiement se dématérialise
Vous avez peut-être déjà constaté, en encaissant vos clients, des changements progressifs dans leurs habitudes. Alors qu'Apple Pay, l'application de paiement sur iPhone, a fait son entrée en France l'été dernier, état des lieux des basculements en cours et à venir dans le secteur.
Je m'abonneIls sont 79 % de Français à utiliser leur carte bancaire chaque semaine. C'est ce qu'il ressort du Baromètre GfK / Cofidis Retail / CIC / Crédit Mutuel des moyens de paiement, rendu public en mars 2016. La Carte Bleue est donc le support le plus plébiscité. Si elle est ancrée dans les habitudes, le secteur des moyens de paiement est cependant en pleine effervescence.
"En France, une large place est aujourd'hui consacrée aux moyens de paiement électroniques mais doit s'adapter avec l'arrivée de nouveaux acteurs, de nouvelles technologies et une évolution des attentes des utilisateurs", observe le rapport Stratégie nationale sur les moyens de paiement établi en octobre 2015, présentant le plan d'action voulu par Michel Sapin, alors ministre des Finances et des comptes publics, pour accélérer le développement des moyens de paiement innovants. Avec toujours la sécurité en ligne de mire.
Si le bilan est très bon - avec un taux de fraude à 0,04 % (en baisse depuis deux ans) tous types de transactions confondues selon l'Observatoire de la sécurité des cartes de paiement -, reste que des mesures sont encore à l'étude. La sécurité est le premier cheval de bataille des banques. "Elles ont mis en place la partie sécuritaire avec le 3D Secure [dispositif de sécurisation des paiements sur Internet, NDLR] qui garantit le paiement aux commerçants", rappelle Willy Dubost, directeur du département systèmes et moyens de paiement de la Fédération bancaire française (FBF), organisation représentative des banques tricolores.
Autre caractéristique marquante de ce panorama en pleine évolution : "Le paiement est de plus en plus intégré dans un processus commercial plus large où les services et les moyens de paiement ne servent plus uniquement à réaliser une transaction, mais intègrent également des services à valeur ajoutée, comme la gestion de la fidélité, la communication ciblée ou encore la gestion de la relation client" , explique le rapport.
C'est par exemple le cas de l'application Fivory, qui permet à la fois d'encaisser ses clients en appliquant d'éventuelles réductions, de gérer son programme de fidélité ou encore d'analyser les habitudes de consommation. Autrement dit, de gérer de façon globale la satisfaction client.
En témoigne également le dynamisme de la fintech. Dans ce domaine, les start-up sont nombreuses à réinventer le paiement en lui associant de nouvelles fonctionnalités.
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Baisse des commissions bancaires
En la matière, les consommateurs réclament désormais davantage de rapidité, de simplicité d'usage et d'interopérabilité. C'est-à-dire la possibilité de payer via n'importe quel canal ou support. Pour y répondre, les technologies évoluent.
Si la carte bancaire est déjà le mode de paiement numéro un, l'idée portée par le législateur est de continuer à favoriser son utilisation, notamment en ce qui concerne les petits montants pour lesquels nombre de commerçants la refusent. Et pour cela, de faire sauter les verrous tarifaires qui expliquent en grande partie les réticences des professionnels. Les banques ont ainsi été encouragées à abaisser "significativement" le montant de leurs commissions (de 0,28 % à 0,23 %) et à être plus transparentes sur leurs frais.
En parallèle, de nouveaux moyens de paiement apparaissent. Depuis 2012, le nombre de transactions en mode sans contact a été multiplié par 200 en France selon la FBF. Les commerçants sont aujourd'hui près de 355 000 à accepter cette pratique de paiement et ce nombre augmente de 100 000 chaque année.
C'est le cas par exemple du Café Suédois à Paris. La gérante, Anna Nordenmark, utilise depuis 2015 la solution de paiement iZettle qui permet à ses clients de payer par carte et sans contact (voir photo). Une solution qu'elle juge adaptée aux nouveaux comportements d'achat, les clients ayant de moins en moins de monnaie sur eux, et qu'elle apprécie pour son côté pratique : "Elle fonctionne avec un logiciel qui est ma caisse enregistreuse et qui fait aussi l'historique des ventes, les statistiques du jour et du mois, l'affichage des frais...", explique la commerçante.