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Le commerce durable... une tendance impulsée par les clients

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Des actions facilement transposables

Si la logistique ou le manque de place sont parfois un frein pour les commerçants, des solutions peuvent être trouvées. Le fait de ne pas distribuer automatiquement des sacs, des couverts ou des serviettes est une action facilement applicable. " Un sac plastique blanc classique coûtant entre un et cinq centimes et un kit couvert jusqu'à 0,50 €, chaque unité non distribuée est une petite économie ", note Pauline Imbault chargée de projet au sein du réseau Zéro Waste. Cette initiative, qui ne nécessite aucun investissement matériel, peut avoir des retombées bénéfiques sur votre image, à condition qu'elle soit accompagnée d'une communication verbale auprès du client, doublée d'un affichage expliquant votre démarche. " Un commerçant peut également accepter des contenants personnels ou encore signaler aux fournisseurs les emballages superflus afin de les réduire. Cela leur procurera un gain de temps, puisque le déballage et le pointage des articles seront plus rapides. Il n'est donc pas si complexe de s'engager dans le développement durable sans pour autant bouleverser son organisation ", poursuit Pauline Imbault.

Pourquoi le démarrage est-il si long ? Une question de prise de conscience, sans nul doute. " La bascule culturelle n'a pas encore eu lieu, mais je compte beaucoup sur les jeunes entrepreneurs qui affichent une sensibilité au collaboratif et au durable totalement différente ", confie Jean-Marc Megnin. D'autant que les modèles de réussite français et internationaux, qui sont source d'inspiration, ne manquent pas. Les "Repair cafés", en premier lieu. Ces endroits imaginés en 2009 aux Pays-Bas, où il est possible de redonner une seconde vie à des meubles, des jouets ou des appareils, ont connu une croissance exponentielle. Il y en a aujourd'hui 750 disséminés dans 18 pays. Ce concept a été importé en France et a rencontré le même succès. Ils sont aujourd'hui près d'une cinquantaine.

Prenons également l'exemple de l'enseigne anglaise The Co-operative food, qui a conquis le coeur des consommateurs en décidant de soutenir des producteurs locaux et de sensibiliser les clients aux gestes à adopter au quotidien. Elle les incite notamment à préparer une liste avant de se rendre en boutique afin d'évaluer précisément les aliments dont ils ont besoin, et limiter ainsi le gaspillage. Autant d'actions abouties et bien relayées. La clé du succès passe sans nul doute par une communication ciblée et proportionnée à l'implication et l'engagement de l'enseigne.

Le témoignage de Christelle Bourreau, gérante d'une boulangerie à Marsilly

Christelle Bourreau est allergique aux boîtes plastique et aux cartons. " Je suis zéro déchet dans ma vie privée. J'achète en vrac dans les magasins bio avec un minimum d'emballage. Je tiens donc à appliquer ces valeurs dans mon commerce ", confie la gérante de la boulangerie Le festival du goût. Ses actions portent en premier lieu sur la limitation de la distribution de sacs. " Les clients ne se rendent pas compte de la provenance des sacs plastique. Il faut donc les sensibiliser et leur demander systématiquement s'ils souhaitent un emballage ", confie la commerçante. Pour stopper à terme leur distribution, elle a noué un partenariat avec un meunier, qui lui a offert 1 000 sacs en tissu. Lorsque les clients jouent le jeu et viennent acheter leur baguette avec un sac en tissu, Christelle Bourreau applique une réduction de 5 centimes sur le prix de la baguette. " 75 % de la clientèle est fidèle et approuve ma démarche, estime la gérante, qui reçoit dans sa boutique 400 clients par jour. Ça m'encourage donc à poursuivre mes actions ". Début juin, lors de la semaine du développement durable, la commerçante a ainsi économisé 1 680 emballages.

Deuxième initiative de Christelle Bourreau : la création d'un rayon vrac destiné aux amandes, à la farine de châtaigne ou aux fèves de tonka. " Les clients peuvent également acheter de la pâte à tartiner maison. S'ils rapportent le pot, on leur donne un euro ", poursuit la boulangère. Christelle Bourreau relaie sa démarche par des affiches dans la boutique et par une communication sur sa page Facebook. " Le plus difficile, lorsque l'on s'adresse à la clientèle, est de déclencher une prise de conscience, sans pour autant devenir trop insistant et la faire culpabiliser. " Pour que sa démarche fasse boule de neige, la dirigeante a convaincu, début juin, d'autres commerçants de son village (fleuriste, traiteur, restaurateur) de composter leurs déchets. Elle a pour cela demandé à son agglomération d'installer un composteur commun et de l'entretenir. Une implication qui a le mérite d'emballer durablement ses clients et ses confrères.

 
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Mallory Lalanne

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