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Êtes-vous prêt à dupliquer votre concept en franchise ?

Publié par le | Mis à jour le
Êtes-vous prêt à dupliquer votre concept en franchise ?

Modélisation du concept, étude de potentiel, choix de la forme juridique ou encore communication... Entre la bonne idée et sa déclinaison en franchise réussie, les défis sont nombreux.

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Les plus belles histoires entrepreneuriales ont souvent commencé modestement. D'Alain Afflelou, opticien bordelais, à Franck Provost, coiffeur sarthois, en passant par la Rochelaise Geneviève Lethu, tous ces patrons ont commencé un jour avec une seule boutique en propre... et beaucoup de volonté. Car la franchise offre la possibilité de se développer rapidement, en France comme à l'international, sans supporter les contraintes (financières et managériales) de l'ouverture de succursales. "Certains créateurs créent leur concept en ­intégrant dès l'origine ce développement, explique Franck Berthouloux, consultant du cabinet conseil Adventi Franchise. D'autres y trouvent un moyen d'écouler leur production, comme les boulangers."

Le point commun de tous, c'est d'avoir un concept original, qu'ils estiment bon et reproductible. "Mais il y a une nuance entre le succès local d'un point de vente, qui peut être dû à la personnalité du commerçant, à l'ancienneté de l'enseigne ou aux clients, et le fait de pouvoir décliner cette réussite à grande échelle", prévient Rose-Marie Moins, responsable formation et promotion à la Fédération française de la franchise. Pour optimiser ses chances de réussites, le prérequis est un magasin performant, qui dégage de la rentabilité d'année en année et qui procure au commerçant un salaire décent. "Le point de vente historique sert d'exemple et de laboratoire pour le reste du réseau", confirme Franck Berthouloux. D'autant que les futurs franchisés devront pouvoir examiner les comptes. Il faut donc faire preuve d'une solidité financière et de perspectives de développement. Il s'agit, ensuite, de modéliser son concept. "Cela oblige à réfléchir puis à formaliser les facteurs de succès", explique Rose-Marie Moins.

Formaliser le concept

Consi­gnez précisément les carac­téristiques physiques de la boutique (emplacement, surface, aménagement), les contours de l'offre (fournisseurs, prix d'achat, stock, merchandising des produits), de la politique commerciale (positionnement, actions commerciales sur l'année, argumentaire des vendeurs), de la communication et du management de la boutique (nombre de vendeurs nécessaires, avec leur fonction). Tout ceci afin d'établir le portrait-robot du magasin... quitte à le faire évoluer. "La franchise peut remettre en cause le concept existant. Par exemple, s'il faut abandonner telle présentation des produits, moderniser son logo ou faire le tri parmi ses fournisseurs", observe Rose-Marie Moins. Avant de se lancer, il faut souvent investir pour se moderniser, créer une identité et les outils qui vont avec (site web, plaquette...). "Il faut aussi protéger ses marques auprès de l'Institut national de la propriété intellectuelle", souligne Michel Kahn, président de l'Iref, la Fédération des réseaux européens de partenariat et de franchise.

Témoignage

François Blondelle, cordonnerie Blondelle

Un réseau basé sur le savoir-faire artisanal

Cordonnier de père en fils depuis 1833, François Blondelle possède deux boutiques en propre dans la région lilloise. Tenté par le développement mais réticent face aux difficultés d'ouvrir en propre, il a opté pour la franchise en 2014. "Il y a peu d'enseignes de cordonnerie en réseau, et nous sommes seuls sur notre créneau moyen / haut de gamme, reposant sur le savoir-faire artisanal et l'authenticité." Des boutiques qui fleurent bon le cuir, avec un emplacement de proximité et des partenaires de grandes marques : voilà un concept prêt à être dupliqué.

Pour s'assurer l'expertise et l'assise financière indispensables à la création d'un réseau, François Blondelle s'entoure de deux associés aux profils complémentaires : Sylvain Stride, juriste, et Amaury Derville, ancien développeur et consultant. "Nous avons aussi fait appel à des professionnels pour peaufiner le design des magasins, créer un nouveau logo et un site web." La franchise naissante se fait connaître localement dans les milieux économiques et les réseaux d'entrepreneurs, et c'est par ce biais du bouche-à-oreille qu'arrive un premier franchisé (issu de la grande distribution), qui ouvre sa boutique en juin 2015 à Cysoing, dans le Nord. Ses atouts ? Une forte motivation et un esprit commerçant. Trois à quatre nouvelles ouvertures de boutiques sont ainsi prévues en 2016.

Point crucial de la création d'un réseau: le potentiel de développement de l'enseigne dépend de facteurs macroéconomiques (l'état du marché, la consommation des ménages, les perspectives de croissance, etc.), mais aussi microéconomiques (les concurrents, les surfaces commerciales disponibles, etc.). "Il faut surfer sur une tendance, proposer un produit différent, éprouvé, auprès d'un public qui y porte de l'intérêt", souligne Michel Kahn, citant l'exemple de la chaîne de pizzerias La Pizza de Nico, qui compte une vingtaine de boutiques en Alsace et dont le propriétaire, Nico Palea, a imaginé une pizza de 40 cm de diamètre (30 cm habituellement).

Choisir les statuts

Autre étape nécessaire: la formalisation juridique du concept. "Entre franchise pure, licence de marque, commission-affiliation et autres, il existe différentes formes de partenariats à étudier avec un conseil", explique Franck Berthouloux. L'avocat permet d'opter pour la meilleure solution en fonction de l'activité (dans l'habillement, la commission-affiliation est la forme la plus courante) et de bien rédiger les documents nécessaires, tel le DIP (dossier d'information préalable). Enfin, il faut prévoir le fonctionnement des futurs franchisés et se poser les bonnes questions : quelles perspectives de développement, quelles conditions d'accès à la franchise, comment former les recrues, animer le réseau et communiquer grâce à l'informatique ? De chef d'entreprise à ­franchiseur, il s'agit d'appréhender un ­nouveau métier.

Témoignage

Jean-François Feuillette, Boulangerie Feuillette

"Les franchisés font avancer le concept"

Boulanger-pâtissier, Jean-François Feuillette a créé avec son épouse Laure sa première boulangerie Le Théâtre du pain à Blois, en 2005. En 2009, il ouvre un nouveau concept plus grand, avec une partie traiteur et un parking pour les clients. La Boulangerie Feuillette est née, qui sera suivie de trois autres magasins. "En 2012, nous avons alors décidé de franchiser l'enseigne, pour accélérer le développement et déléguer la gestion de chaque nouvelle entité à des patrons." Le couple fait appel à un consultant spécialisé, Axe Réseaux, pour l'épauler dans ce projet. "Le plus dur a été de décrire tous les process dans le détail, des techniques de fabrication à la formation des partenaires, qui chez nous dure trois mois", reconnaît le boulanger.

En 2015, après avoir formalisé le concept et embauché une spécialiste du développement, Feuillette ouvre ses deux premières franchises à Poitiers et Bourges. "Nos franchisés ont un regard neuf et des suggestions constructives qui profitent à tous les magasins", poursuit-il. C'est d'eux que vient l'idée d'installer une baie vitrée ouvrant sur le salon de dégustation ou encore celle d'installer des bornes de rechargement de voitures électriques sur les parkings. L'enseigne s'apprête à ouvrir deux autres points de vente d'ici à l'été et continuera à se développer en propre et en réseau.

 
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