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Emmanuel Macron : "Nous devons amplifier les réformes"

Publié par Eloise Cohen le

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Parallèlement, vous vous attelez également à réformer la commande publique dont les PME ne bénéficient jusqu'ici que très peu. Pénalisées, elles ne captent que 30 % de leur valeur, alors qu'elles décrochent 58 % des contrats...

Pour les petites entreprises, "commande publique" rime avec "complexité". C'est pourquoi nous avons engagé sa refonte profonde. Une première étape a été franchie avec la publication de l'ordonnance du 23 juillet 2015 applicable dès avril 2016. Cette réforme est profondément "PME-friendly".

Déjà, parce qu'elle généralise le principe d'allotissement, c'est-à-dire le découpage des marchés en lots accessibles aux PME. Cela représente 1,5 milliard d'euros de marchés nouvellement ouverts aux petites entreprises. Aussi, les PPP, contrats de partenariat qui représentent au total 15 milliards d'euros depuis 2005, devront obligatoirement comporter une part réservée aux PME.

Ensuite, parce que cette réforme simplifie. Toutes les règles relatives aux marchés publics seront réunies dans un seul et même texte : nous disposerons alors d'un véritable code dédié à la commande publique. De la sorte, nous réduisons de 40 % le volume des règles de niveau législatif qui s'appliquaient jusqu'à maintenant aux marchés publics. Or, simplifier, c'est bon pour les PME car leurs dirigeants n'ont pas le temps d'entrer dans la complexité du droit.

Enfin, cette refonte du droit des marchés publics vise à dématérialiser et à alléger les procédures. Une consultation a été lancée sur ce sujet : elle sera close le 30 septembre. Ses résultats seront pris en compte dans la rédaction des textes d'application de l'ordonnance de juillet.

Vous avez un parcours atypique pour un politique. Vous avez en effet commencé votre carrière comme banquier d'affaires au sein de Rothschild et Cie. Comment ce passage dans le privé impacte-t-il votre engagement politique ? Et vos propositions de réformes ?

J'ai commencé ma carrière dans la fonction publique avant de travailler dans le privé ! Et c'est tout mon parcours qui me sert aujourd'hui dans mes fonctions. De mes expériences passées, j'ai retenu trois enseignements très simples qui m'éclairent chaque jour dans mes décisions.

Déjà, il faut toujours faire simple, concret et perceptible. Les annonces vagues et les engagements à l'emporte-pièce, les gens n'en peuvent plus. Quant aux mesures, si elles ne sont pas immédiatement intelligibles, elles sont inopérantes. Car les chefs d'entreprise ont 10 000 autres choses à penser que s'adapter en permanence à la norme.

Ensuite, la clef de tout, c'est la rapidité d'exécution. Le temps politique doit se plier à celui, très rapide, des affaires. La compétition va vite et les réformes doivent suivre ce rythme.

Troisième point, il faut penser chaque sujet à son bon niveau. Au niveau de l'entreprise, à l'échelle nationale, européenne, mais aussi mondiale ! Car c'est un fait, tout est de plus en plus mondial : la compétition certes, mais aussi le marché et la capacité à innover. C'est ce qui rend ma fonction aussi exigeante.

Quels conseils donnez-vous aux dirigeants d'entreprise ?

Je suis là pour aider les dirigeants à prendre des risques et j'aurais des scrupules à les conseiller. Pour autant, je leur dis de croire dans l'avenir économique de la France et de l'Europe. Et de se saisir des dispositifs que les pouvoirs publics mettent à leur disposition pour investir, capter les sources potentielles d'emplois et conquérir les nouveaux marchés. Qu'ils profitent notamment du mécanisme de surinvestissement fiscal que nous avons créé : il leur permet d'amortir 140 quand ils dépensent 100. D'autant que les taux d'intérêt sont historiquement bas. C'est donc le bon moment pour moderniser l'appareil productif, gagner en compétitivité et réussir aujourd'hui et demain.

Mon autre conseil, c'est de penser vite et mondial. Beaucoup le font déjà et ne m'ont pas attendu. Aux autres qui hésitent, je dis de ne pas avoir de fausse pudeur : vous avez toutes les capacités pour réussir. Nous sommes un pays d'entrepreneurs, qui est un mot français et que les Anglo-Saxons nous ont chipé. À nous d'être à la hauteur de cet héritage. C'est ce que j'attends de nos chefs d'entreprise.

 
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