Pourquoi accueillir un apprenti étranger?
Formation. Travailler avec un apprenti étranger est une façon originale de transmettre votre savoir-faire ou de valoriser votre identité hors frontières. Vous tissez ainsi des relations privilégiées avec les entreprises et les centres de formation étrangers et favorisez un échange interculturel pour votre équipe.
Je m'abonneJean-Marie Thomas, pâtissier en Auvergne, s'est lancé un nouveau défi. Donner une dimension européenne à son entreprise en accueillant, début mars, Marquo et Natter, deux apprentis slovènes. « L'apprentissage fait partie des missions d'une entreprise. Mais en privilégiant l'accueil d'un apprenti étranger, je partage mon savoir-faire et je donne un nouveau souffle à mes équipes », explique le dirigeant de la pâtisserie Au Moulin de la Galette. En effet, ses deux collaborateurs se fédèrent autour d'un projet commun: l'intégration et la réussite des jeunes. Jean-Marie Thomas a aussi profité de l'arrivée des deux apprentis pour responsabiliser ses salariés. « Je leur ai demandé, pendant les 15 jours de stage, d'accompagner les jeunes, de les conseiller et de suivre leur évolution professionnelle », explique-t-il. En transmettant leur savoir-faire, les salariés développent également leur capacité d'initiative. Mais ils peuvent aussi, tout comme le dirigeant, découvrir une autre culture, voire approfondir leurs compétences linguistiques. « J'avais une petite appréhension par rapport à la langue, car je parle mal anglais. Mais, au final, il suffit d'utiliser les mots les plus courants et les plus simples pour instaurer un dialogue », confie le chef d'entreprise. Selon Lucien Boiché, responsable du pôle emploi et formation au sein de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Lyon, cette démarche présente un autre avantage: « L'entreprise peut étendre son champ d'action à l'international. C'est souvent en accueillant un apprenti étranger que le dirigeant prend conscience qu'il n'est pas forcément difficile de se lancer à l'export. »
Lucien Boiché, de la CCI de Lyon
«Les dirigeants imaginent que les contraintes administratives sont nombreuses et chronophages, absolument pas le cas. Pour ce qui n'est lutter contre les a priori, nous mettons l'accent sur la sensibilisation des dirigeants et sur l'information. »
Peu de formalités administratives
Si le potentiel est réel, le dispositif est encore trop peu utilisé par les entreprises françaises. « Les dirigeants pensent notamment que les contraintes administratives sont nombreuses et chronophages, ce qui n'est absolument pas le cas. Pour lutter contre les a priori, nous mettons l'accent sur la sensibilisation et l'information des dirigeants via nos sites internet ou nos publications », explique Lucien Boiché. En effet, l'ensemble des formalités peu vent être finalisées en un peu moins de dix jours, en particulier pour accueillir un apprenti européen. Il suffit pour le dirigeant de se rapprocher du centre de formation des apprentis situé dans son secteur géographique, de la Chambre des Métiers, des organisations professionnelles, des syndicats ou encore des associations comme les Compagnons du Devoir. Ces institutions accompagnent les entreprises et leur indiquent la marche à suivre.
Si la structure se tourne vers un apprenti espagnol, grec ou italien, une convention de stage doit être signée entre les deux parties. Le jeune ne peut prétendre à aucune rémunération mais peut bénéficier d'une gratification, au-delà de deux mois. L'entreprise française verse dans ce cas une indemnité financière d'environ 400 euros nets par mois. En revanche, en Allemagne, au Luxembourg au Danemark, en Autriche ou encore en Pologne, il s'agit d'une convention de mise à disposition. Dans ces pays qui privilégient traditionnellement la formation en alternance aux stages, « le salaire du jeune en contrat d'apprentissage s'aligne sur la rémunération des apprentis français, à savoir 50 % du Smic, payés, le plus souvent, par l'entreprise étrangère », explique Lucien Boiché (CCI de Lyon). Au niveau organisationnel, il est fortement conseillé d'accueillir le stagiaire sur une période de trois semaines minimum de façon à lui laisser le temps de s'adapter à son nouvel environnement. Pour qu'il appréhende aussi la culture du pays. « Certains centres de formation organisent des sorties pour accompagner cette intégration et favoriser la découverte des spécificités locales. Ils proposent également des solutions d'hébergement », rappelle Lucien Boiché. De son côté, Jean-Marie Tomas a mis en place un système de réunions quotidiennes afin de dresser un bilan des missions effectuées. Une bonne façon d'initier son apprenti à la Culture française.