Ouvrir ses portes à l'heure où d'autres les ferment
Social. Repousser l'heure de fermeture pour augmenter sa rentabilité? L'équation n'est pas évidente. Si vous êtes libre de vos horaires en travaillant seul, la réglementation est en revanche stricte lorsque vous employez des salariés.
Je m'abonneJeudi, 22h30. Jean-Jacques Lévy s'affaire encore sur les cheveux de ses clientes. En ce jour de nocturne, son salon William Star'cut, situé dans le XVIIe arrondissement de Paris, ferme ses portes à 23 heures. Comme lui, vous pouvez prolonger votre journée de travail, à condition de rester dans le cadre des horaires de travail réglementaires pour vos employés: au-delà de trois heures par jour entre 21 heures et 6 heures du matin, la qualification passe au travail de nuit et exige un repos compensateur supplémentaire.
Mais le jeu en vaut-il la chandelle? Avant de mettre en place ces horaires, le commerçant a soigneusement étudié les habitudes de son quartier. «Le jeudi est un jour de sortie pour les Parisiens, et les familles juives du quartier se préparent pour le Shabbat du lendemain. Les clients ne manquent donc pas», explique-t-il. Le coiffeur a aussi remarqué la forte concentration de professions libérales dans le secteur: avocats, médecins et commerçants voisins. Il a donc choisi de rester ouvert une fois par semaine jusqu'à 23 heures, afin de leur laisser le temps de venir après le travail. Il estime son gain entre trois et cinq clients supplémentaires par nocturne, selon les prestations demandées.
Pour satisfaire sa clientèle, le salon William Star'cut ouvre une fois par semaine jusqu'à 23 heures et tous les dimanches.
Le dimanche en solo
Le coiffeur ne s'arrête pas là. Il ouvre également son salon le dimanche, mais tout seul. «La demande est très importante ce jour-là. Or, je dois gérer toutes les étapes: shampoing, coupe et encaissement Résultat, je ne peux coiffer que 20 personnes dans la journée, alors que j'ai 30 demandes supplémentaires», confie Jean-Jacques Lévy. Le commerçant voudrait se faire aider, mais les dérogations au repos dominical des salariés sont rares. Si vous n'obtenez pas la précieuse permission auprès de la préfecture, ne tentez pas le diable en faisant travailler vos employés le dimanche, car les sanctions de l'Inspection du travail sont lourdes. Elles peuvent aller jusqu'à la fermeture temporaire ou définitive de votre commerce. Une solution de repli est néanmoins possible si les membres de votre famille sont disponibles pour donner un coup de main. Mais ce soutien ne doit pas entrer dans le cadre d'un contrat de travail.
Pour les salariés, la rémunération d'un dimanche travaillé dépend de l'activité, car elle est définie par les conventions collectives.
AVIS D'EXPERT
Maître Charlotte Bellet
«Le préfet peut délivrer des autorisations d'ouverture le dimanche à trois conditions, explique Maître Charlotte Bellet, avocate associée au cabinet Méresse, à Paris. Si la fermeture du point de vente est préjudiciable au public, si elle compromet le fonctionnement normal de rétablissement ou si elle met en péril le maintien du nombre d'emplois existants.» Une autre dérogation est possible dans les communes touristiques ou thermales - listées par le préfet, sur demande des conseillers municipaux -, si votre commerce facilite l'accueil et les activités de détente des touristes (domaines sportif, récréatif ou culturel). Pour un événement spécifique, une dérogation d'ouverture le dimanche peut être accordée par le maire ou le préfet de police, dans la limite de cinq par an. Néanmoins, depuis décembre dernier, un amendement au projet de loi «pour le développement de la concurrence au service des consommateurs» permet aux commerces du secteur de l'ameublement d'ouvrir leurs points de vente le dimanche.