Mythes et réalité de la génération Y

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Il faut établir un rapport de confiance au jeune, mettre en valeur ses actions et donner du sens à son travail.

D'éternels ados, adeptes des jeans, des geeks indisciplinés et insouciants... La génération Y fait l'objet d'une production livresque pléthorique. Ces jeunes sont-ils pour autant inadaptés au monde du travail? Pour Jean Pralong, professeur de gestion de ressources humaines et titulaire de la chaire en nouvelles carrières à Rouen Business School, « les préjugés doivent cesser, car la génération Y n'existe pas. Il faut sortir de cette approche simpliste de regroupement par tranches d'âge et ne pas occulter les questions de classes sociales, de diplômes et d'expériences. » Pour optimiser au mieux les compétences de ces jeunes, le chef d'entreprise doit donc prendre en compte l'ensemble de ces spécificités.

Définir la mission et la ligne de conduite

Le premier jour de travail est une étape importante pour toutes les nouvelles recrues, elle est primordiale pour les moins de 30 ans. « Il est indispensable que le dirigeant prenne du temps pour expliquer à sa nouvelle recrue quel est son rôle », explique Benjamin Chaminade, expert en ressources humaines. Comprenez qu'il faut mettre en relief le rôle du jeune salarié dans le fonctionnement général de l'entreprise. Pour être le plus explicite possible lors de l'entretien, n'hésitez pas à formaliser par écrit ce que vous attendez de la relation. De même, il est de votre ressort d'expliquer le déroulé de carrière dès le début de la mission de votre collaborateur. «Les jeunes diplômés ont besoin de se projeter et de mesurer l'impact qu'aura leur travail sur les résultats de l'entreprise », poursuit Benjamin Chaminade.

Deuxième conseil: n'hésitez pas à lui donner des consignes et à lui imposer des lignes de conduite. Qu'est-ce qu'un comportement acceptable? Le tutoiement l' est-il? Est-il possible d'utiliser Facebook au bureau? A quelle heure arriver le matin? Le port d'une tenue ou d'une blouse est-elle obligatoire? « Les directives doivent être explicites et claires, car les jeunes sont en demande de règles du jeu en matière de comportement et de management. Il ne faut donc pas hésiter à les imposer », poursuit Jean Pralong (Rouen Business School). En clair, vous ne devez pas avoir peur de vous affirmer en tant que dirigeant.

Une relation donnant-donnant

En dépit des clichés, les jeunes de la génération Y sont très attachés au management de proximité. Prêtez donc attention à la relation personnelle que vous entretenez avec le jeune. Il faut établir un rapport de confiance, mettre en valeur ses actions et donner du sens à son travail. Un aspect qui peut tourner à votre avantage, si vous arrivez à créer une ambiance de travail conviviale. Cette génération souhaite, par ailleurs, être impliquée dans des projets d'envergure Autre particularité: les «Y» cherchent un retour sur investissement et misent sur une relation donnant-donnant.

Ainsi, les formations ne doivent pas être négligées. Il est par conséquent important de se concentrer sur le développement de compétences réelles et de proposer, par exemple, une formation au secourisme. A proscrire: le balayage des locaux ou le dépoussiérage des bureaux. « Les entreprises ont beaucoup à gagner en associant leurs nouvelles recrues à des projets d'importance », souligne Benjamin Chaminade, expert en ressources humaines. Si vous lancez, par exemple, un plan de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) et que vous souhaitez reconfigurer vos locaux, commencez peut-être par en discuter avec vos jeunes salariés. Ou encore, si vous entreprenez une démarche globale de valorisation des déchets, n'hésitez pas à les informer à chaque étape du déploiement du système de collecte mis en place. Le nouveau venu doit sentir qu'il participe à une aventure.

Enfin, la rémunération est aussi une source de motivation. « S'ils ont pour habitude d'être impliqués dans leur travail, ils entendent recevoir en retour une rémunération juste. Mais attention, il ne faut pas sur-jouer la sécurité s'il n'y en a pas, et promettre des choses qui restent réalisables aussi bien en termes d'évolution professionnelle que salariale », explique Jean Pralong (Rouen Business School). Soyez donc attentif à l'éthique et à la cohérence entre vos discours et vos actes. Ces critères, s'ils sont respectés, peuvent fidéliser vos salariés.

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Isabelle Simon, dirigeante de Record

TEMOIGNAGE

« Les jeunes sont intéressés et curieux »


Sur les cinq salariés du magasin Record d'Isabelle Simon, trois ont moins de 25 ans. « Les jeunes sont les pièces maîtresses de mon entreprise. Qu'ils soient en apprentissage ou non, ils sont intéressés et curieux. Il faut toutefois faire attention à ne pas trop bousculer leurs habitudes ou à les accompagner s'il y a des changements », estime la dirigeante. Dans cette structure de vente de vêtements professionnels, les salariés sont polyvalents. Une secrétaire, par exemple, va aussi bien connaître les caractéristiques des différents produits qu'un vendeur. Cette réussite est en fait le fruit d'une grande complicité. « Ma porte est toujours ouverte. Je tiens à faire des points réguliers avec eux. C'est un excellent moyen de rester visible, accessible et de créer une ambiance de travail conviviale », précise la commerçante. Celle-ci n'hésite pas non plus à recadrer son personnel ou à imposer certaines directives pour capitaliser au mieux sur leurs compétences.