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Le tutorat, gage de réussite d'une reprise

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Lors de la transmission d'une entreprise, l'accompagnement du repreneur par le cédant améliore ses chances de succès. Et pour éviter que des désaccords surgissent au cours de cette transition, optez pour la convention de tutorat. Explications.

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Il serait dommage de ne pas profiter de l'expérience du cédant au moment de la transmission d'une entreprise », estime Sylvain Lenoir, conseiller chargé de la transmission d'entreprise à la chambre de métiers et de l'artisanat (CMA) de la Manche. En effet, nombreuses sont les connaissances à maîtriser pour un novice : savoir-faire spécifique, gestion de l'entreprise, connaissance de la clientèle et des fournisseurs, etc. Le tutorat permet un passage de relais en douceur entre l'ancien gérant et le nouveau. Dans la plupart des cas, le repreneur maîtrise le savoir-faire technique, mais pour certaines entreprises, l'activité est très spécifique et nécessite une formation préalable sur le terrain. S'il n'a pas d'expérience à la tête d'une affaire, quelques conseils en gestion d'entreprise peuvent lui sauver la mise. Car malgré la formation obligatoire de chef d'entreprise, préalable à l'inscription au registre du commerce et des sociétés, le repreneur peut manquer de pratique. Par exemple, tenir un livre de comptes peut parfois se révéler difficile. Avec l'aide du cédant, le nouveau chef d'entreprise prend tout de suite conscience de ses erreurs et peut les corriger dans la foulée.

Le repreneur peut aussi demander conseil à son prédécesseur pour les problématiques de gestion du personnel. En effet, l'équipe restant souvent identique, le cédant connaît les salariés et leur comportement. Vis-à-vis de ces derniers, il est appréciable également que le cédant accompagne le repreneur pendant sa phase d'adaptation. «Le nouveau dirigeant bénéficie ainsi d'une plus grande légitimité auprès du personnel», estime Sylvain Lenoir de la CMA de la Manche. Et quand le cédant présente officiellement son successeur aux clients et aux fournisseurs, les deux parties sont mises en confiance, ce qui augure de bonnes relations pour la suite. Cette phase est indispensable pour assurer la transmission des informations, notamment lorsque des transactions sont en cours au moment de la cession. Par la même occasion, le cédant peut donner des conseils en matière de négociation commerciale et de quantité de stocks nécessaires.

Sautez le pas!

Selon Sylvain Lenoir, les cédants et les repreneurs sont souvent d'accord pour que les premiers apportent leur aide aux seconds, mais rares sont ceux qui le formalisent par une convention de tutorat, par réticence pour les démarches administratives. Créé en 2005, ce dispositif permet aux dirigeants d'entreprise d'accompagner le repreneur pendant une période de deux à 12 mois (renouvelable jusqu'à trois ans). Une convention de tutorat conclue entre les deux parties - souvent signée en présence d'un expert-comptable - précise la durée exacte, les savoir-faire qui feront l'objet de la transmission ainsi que le montant de la rémunération du tuteur, s'il y en a une. Si le cédant ne perçoit pas de rémunération, il bénéficie d'une réduction de 1 000 euros sur l'impôt sur le revenu, à condition que la convention soit signée entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2011. Cependant, cette réduction ne constitue pas un argument de poids en faveur du tutorat. « Les cédants signant une convention avec leur repreneur sont davantage préoccupés par la pérennité de leur entreprise après leur départ que par le montant de la réduction », témoigne Flora Schriqui, conseillère économique spécialisée dans la transmission d'entreprise à la CMA du Val-d'Oise.

A savoir

RSI ou régime général ?
Dans le cadre d'une mission de tutorat rétribuée, le cédant reste rattaché au régime social des indépendants (RSI). S'il ne perçoit pas de rémunération, il doit être affilié au régime général afin d'être couvert en cas d'accident du travail et de maladie professionnelle.

Eviter tout interventionnisme excessif

La convention comprend plusieurs avantages : elle permet notamment de clarifier dès le départ les missions du tuteur, d'indiquer les savoir-faire à transmettre. Cette précision permettra notamment d'éviter tout interventionnisme excessif du cédant, laissant le repreneur tenir son rôle. « Si les deux parties sont d'accord, il peut être intéressant de prévoir aussi un bilan à mi-parcours, pour être sûr que l'ensemble des connaissances seront transmises en temps et en heure », suggère Sylvain Lenoir. Car c'est là une particularité de la convention de tutorat par rapport à un tutorat informel : la durée est définie au moment où elle est signée. « Cela évite le flou souvent responsable de l'échec de l'accompagnement », ajoute-t-il.

Mais comment définir la durée du tutorat ? Suffisamment longue pour permettre au repreneur de se mettre dans le bain, elle ne doit pas s'éterniser pour que celui-ci soit « le seul maître à bord », selon l'expression de Flora Chriqui (CMA Val-d'Oise. Une tâche qui peut s'avérer compliquée lorsque le cédant reste dans les locaux et demeure une référence pour les salariés. Du point de vue du cédant, difficile aussi de laisser une tierce personne aux commandes d'une entreprise qu'il a souvent créée de toutes pièces. Il peut ainsi avoir tendance à «s'accrocher» et à trop intervenir au goût de son successeur. Six mois est la durée idéale selon la conseillère économique de la CMA du Val-d'Oise. « Quelle que soit la durée choisie, elle est mieux acceptée par les deux parties quand elle est fixée à l'avance », juge, pour sa part, Sylvain Lenoir. Le conseiller recommande une collaboration dégressive du cédant, à temps complet tout d'abord, puis un ou deux jours par semaine à la fin. « Le point crucial pour réussir le tutorat est l'état d'esprit du cédant : volonté de transmission de savoir-faire et de pérennisation de l'entreprise. C'est le cas la plupart du temps », conclut l'expert.

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Céline Keller

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