L'insécurité, ennemi public numéro un?
Nelly Lambert, rédactrice en chef
Un épicier tué, un autre agressé... En quelques semaines, plusieurs commerçants ont été les victimes de faits divers. Ali Zebboudj, cet épicier poignardé début septembre dans une cité d'Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), était pourtant une figure de son quartier. La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, qui s'est rendue sur place, a d'ailleurs observé: «Ce qui m'a frappé, en parlant avec les personnes habitant autour, c'est l'hommage qu'elles rendaient à ce commerçant, dont elles ont unanimement dit qu'il était le coeur, l'animation du quartier.»
L'homme avait d'ailleurs été l'un des protagonistes du documentaire Alimentation générale, sorti dans les salles en 2006. Son auteur, Chantai Briet, avait installé sa caméra pendant quatre ans dans l'épicerie. Elle montrait Ali Zebboudj tour à tour commerçant, psychologue, banquier, voire conseiller ou grand frère. Le film mettait ainsi en évidence le rôle fondamental de ce commerce de proximité. Pourtant, le gérant a été cambriolé à plusieurs reprises avant de connaître un destin tragique.
Les politiques ne cessent d'encenser le commerce de proximité. Pourtant, à part incarner un des sujets de prédilection des campagnes électorales, l'insécurité ne recule pas franchement. Le phénomène touche aussi bien les centres- villes que les banlieues ou les campagnes, les épiceries comme les bijouteries. Vols, braquages, dégradations, agressions verbales et physiques, les commerçants sont en première ligne de ce que l'on nomme pudiquement «incivilités». Avec des conséquences multiples: financières, mais aussi psychologiques. Impuissance, découragement, peur... Les commerçants se sentent toujours démunis face à une violence qui confine parfois à l'absurde. A raison.