Ils démocratisent la chaussure sur mesure

Dans une boutique en plein coeur de Paris, un homme revêt des chaussettes recouvertes d un quadrillage. Ainsi habillés, ses pieds sont scannés et les données transmises à un logiciel qui analyse la longueur, le volume et les modélise en 3D... A quoi peuvent bien servir ces informations? A la création de chaussures sur mesure! La marque Derville, du nom du premier client français de la chaussure sur mesure numérique, est développée par le couple Carrobourg. Elle est pour l'instant réservée aux hommes et s'appuie sur la précision de la technologie: «Les différences entre les deux pieds sont calculées au dixième de millimètre près», précise Olivier Carrobourg, co-dirigeant, avec sa femme, Véronique, de la boutique. Le client passe ensuite à l'essayage, parmi la cinquantaine de modèles disponibles en boutique. Ce concept offre un choix impressionnant: avec tous les croisements possibles, plus de 700 chaussures différentes sont proposées. Les mensurations exactes sont envoyées à un industriel finlandais, détenteur du brevet de la chaussure sur mesure numérique, exploité notamment aux Etats-Unis et au Japon. Une fois créées, les chaussures reviennent en France pour les finitions. Pour le client qui vient de trouver chaussure à son pied, la note pourrait être salée. Mais il n'en est rien. En effet, les prix s'échelonnent de 340 à 490 euros, contre plusieurs milliers d'euros parfois pour du surmesure 100% artisanal. Le temps de livraison, de l'ordre de quatre à six semaines, est lui aussi révolutionnaire. «D'habitude, cela se compte en mois.» Les commerçants apprécient quant à eux l'absence de stock en boutique.

Véronique et Olivier Carrobourg proposent des chaussures sur mesure, pour les hommes uniquement.

Pour réussir son pari, le couple mise sur la fidélisation: «Bien-être et personnalisation sont les deux mots-clés du service que nous offrons. Certains clients ont acheté cinq à six paires et beaucoup en ont au moins deux», précise Véronique Carrobourg. Une fois les mesures prises, la contrainte de l'essayage disparaît, ouvrant ainsi une voie de développement idéale pour la vente sur Internet. D'ici à la fin de l'année, les clients pourront d'ailleurs se rendre directement sur la boutique en ligne des commerçants. Un service particulièrement attendu en province, où le concept n'existe pas. Du moins pas encore. La boutique parisienne sert en effet de pilote à un éventuel développement en franchise. Le couple est convaincu de la nécessité de dupliquer l'idée pour la faire connaître et la crédibiliser.