Il aide à la réinsertion de jeunes délinquants
Par conviction, Jean-Paul Eberlin, coiffeur, est devenu le parrain de deux jeunes délinquants. Sa mission? Les remettre sur les rails de la vie professionnelle. Un challenge au long cours qu'il a décidé de relever, coûte que coûte.
Je m'abonneCe n'est pas tous les jours que Jean- Paul Eberlin accueille un membre du gouvernement dans son salon de coiffure alsacien. Pourtant, c'est Pascal Clément, le Garde des Sceaux, en personne, qui a souhaité l'honorer de sa présence, en janvier 2006. A quel titre? Pour saluer l'engagement du premier parrain de France de l'opération «Parrainez un jeune qui a raté une marche de la vie».
Fin 2005, Jean-Paul Eberlim décide de répondre présent à l'appel du gouvernement, lancé au lendemain de la crise des banlieues. Prêt à aider un jeune en difficulté, le coiffeur prend alors contact avec la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). «J'avais envie de relever le défi, tout simplement», témoigne-t-il. Après avoir discuté de ses motivations avec le directeur régional de la PJJ, il devient, tout d'abord, le parrain officiel de Xavier
Un rôle qui lui tient à coeur
Pour construire l'avenir professionnel de Sophie, Jean-Paul Eberlin l'aide à définir ses envies, son parcours professionnel, qu'elle envisage, justement, dans la coiffure. Il l'accueille en stage et s'efforce de la former au métier. Durant trois semaines, à temps complet, il lui transmet son savoir-faire. Il lui redonne confiance en lui confiant des responsabilités: répondre au téléphone, prendre les rendez-vous et même donner quelques coups de ciseaux. Plus largement, Jean-Paul Eberlin l'initie au monde de l'entreprise. Et ne le regrette pas. «Sophie a du caractère, c'est ce qui lui a attiré des ennuis, mais elle est intelligente, estime-t-il Elle sait faire la part des choses Elle fait des efforts pour s'adapter à ma clientèle, bien différente de la population de son quartier»
A la fin du stage, Sophie reste sur sa faim et émet le souhait de découvrir un nouveau secteur: la peinture en bâtiment. «Je n'ai pu lui montrer, avec mon salon dédie a la coiffure masculine, qu'un aperçu trop limité du métier, regrette-t-il Je l'ai peut-être démotivée» Mais, déterminé à assurer son rôle de parrain jusqu'au bout, Jean-Paul Eberlin lui ouvre son carnet d'adresses. Il lui décroche un contrat de professionnalisation chez un artisan de sa connaissance. Finalement, au bout de deux mois, Sophie change d'avis: c'est la coiffure qui l'intéresse vraiment. Face à cette jeune adolescente au parcours en dents de scie et un peu paumée, Jean-Paul Eberlin se félicite d'être épaulé par un professionnel, habitué à composer avec des personnalités difficiles. Mais la complexité de la tâche le stimule et lui donne envie d'obtenir des résultats. «Les jeunes qui bénéficient de ce programme d'insertion sont souvent issus de milieux dans lesquels la famille est défaillante Le parrain fait alors office de père spirituel, de guide C'est très valorisant», assure le coiffeur.
Pour l'heure, il a lancé un appel auprès de ses collègues alsaciens pour que Sophie trouve une place dans un salon de coiffure pour dames. Un stage de plusieurs mois, cette fois. «Pour que Sophie éprouve son rêve sur la durée et prenne vraiment conscience de ce qu'est le métier»
Parrainage: Pourquoi pas vous?
Le programme «Parrainez un jeune qui a raté une marche de la vie», lancé en 2005 par le ministère de la Justice, s'adresse aux chefs d'entreprise qui voudraient aider bénévolement un jeune, âgé de 13 à 18 ans, placé sous mandat judiciaire civil ou pénal, à se réinsérer dans la vie active. Chaque parrain est épaulé par un professionnel, un éducateur de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ou un professeur technique si le jeune suit une formation en alternance. Pour plus d'information ou pour vous inscrire en tant que parrain, le site www.parrainage.justice.gouv.fr.
Parcours
- 1970
Jean-Paul Eberlin décroche son CAP Coiffure
- 1972
Il obtient son BEP Coiffure
- 1973
Il fait ses premiers pas dans le salon de coiffure de son père
- 1975
Il change complètement de voie et entreprend une carrière chez Peugeot, en commençant comme manutentionnaire
- 1986
Il revient à ses premières amours, la coiffure, en ouvrant son propre salon
- 1991
Il revend la partie féminine du salon et ne se consacre plus qu'à la coiffure masculine
Repères
- RAISON SOCIALES
Witt-Coiff
- VILLE
Wittenheim
(Haut-Rhin)
- DIRIGEANT
Jean-Paul Eberlin, 54 ans
- EFFECTIF
1 personne
- CA 2005
23 558 Euros