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Embaucher un retraité

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Pour conserver une vie sociale ou mettre du beurre dans les épinards, les retraités peuvent cumuler un emploi avec leur pension de retraite. Avantageux pour ces seniors actifs, le cumul emploi-retraite l'est aussi pour les commerçants.

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1- Le cumul emploi-retraite, qu'est-ce que c'est?

Le cumul emploi-retraite est un dispositif qui permet à un retraité du régime général de reprendre une activité salariée. Il peut alors cumuler son salaire avec ses pensions (de base et complémentaire), à condition que le total ne dépasse pas le montant de son dernier salaire. Ou, si cette solution lui est plus favorable, qu'il ne dépasse pas 1,6 fois le montant du Smic, soit 2 048 euros bruts par mois. En cas de dépassement, le versement de la pension est suspendu. Selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), 120 000 retraités français, soit 1,5% des personnes retirées de la vie active, ont bénéficié de ce système en 2005.

2- Qui pouvez-vous embaucher?

Si le cumul-emploi retraite peut être une aubaine pour des postes de vendeurs ou de gérants expérimentés qui ne nécessitent pas un temps plein, il est subordonné à certaines conditions. Pas question, par exemple, de réembaucher vos propres salariés immédiatement après leur départ à la retraite. Vous devez attendre six mois avant de leur proposer un nouveau poste. En revanche, il n'existe aucune restriction pour les recrues extérieures à l'entreprise. Sachez toutefois qu'un retraité ne peut prétendre à un emploi qu'une fois sa pension liquidée par sa caisse de retraite. Ce qui intervient dans un délai moyen de quatre mois après la cessation d'activité, selon la Cnav.

Marie Edel Responsable de l'agence de travail temporaire Start People

«Certains cherchent à entretenir un lien social et à se ménager une transition vers la retraite à temps complet.»

3- Quel type de mission confier à ces retraités actifs?

Les missions confiées à ces seniors qui souhaitent garder un contact avec la vie professionnelle sont extrêmement variées. Selon Catherine Herrault, directrice du développement d'Actual, groupe de travail temporaire qui intervient sur ce marché via sa filiale Afteris, «les entreprises font appel à des retraités dans trois cas de figure principaux: pour répondre à un surcroît d'activité pour lequel ils ne trouvent pas de candidats sur le marché, en cas de besoin d'expertise très pointue et, enfin, pour assurer la transmission des savoirs vers les plus jeunes». La formule présente, de fait, plusieurs avantages. Déchargés de toute ambition carriériste et sûrs de leurs compétences, les retraités n'acceptent, généralement, que des missions dans lesquelles ils se sentent à l'aise. Le risque d'échec est donc assez limité. «Les seniors n'ont pratiquement plus de freins, ils se «lâchent» beaucoup plus facilement, constate Caroline Young, dirigeante du cabinet conseil en recrutement de retraités Experconnect, installé à Paris. De plus, leur statut de retraité leur autorise une certaine neutralité fort appréciable par exemple, pour mener des audits.» Autre point fort de cette population: son savoir-faire. Mais il existe quelques bémols. Ainsi, l'emploi du temps d'un retraité, même actif, n'est pas toujours compatible avec celui d'un commerce. «Ils ne souhaitent pas que leur travail empiète sur leur vie personnelle. Les petits-enfants, les loisirs... Tout cela est sacré pour eux», reconnaît Catherine Herrault. C'est pourquoi ils sont très exigeants sur les calendriers de mission et les conditions de travail. Pour des places de vendeurs, ils n'hésitent pas, par exemple, à demander des aménagements de poste (siège) et d'horaires. Certains préférant travailler très tôt le matin plutôt que tard le soir.

4- Quel type de contrat?

Un senior peut répondre à un surcroît d'activité, apporter une expertise métier ou encore transmettre un savoir-faire.

Un senior peut répondre à un surcroît d'activité, apporter une expertise métier ou encore transmettre un savoir-faire.

CDD, CDI ou intérim: le cumul emploi-retraite est compatible avec n'importe quel type de contrat. A condition, bien sûr, que le temps de travail, et donc la rémunération, respectent le plafond fixé par la loi. Par conséquent, la plupart de ces emplois sont des temps partiels.

5- Où trouver des retraités?

La meilleure agence de recrutement de retraités est votre propre entreprise. Commencez par informer vos salariés «seniors» de l'existence de ce dispositif et faites-leur savoir que vous êtes ouvert à une poursuite de la collaboration. En tout état de cause, conservez précieusement leurs coordonnées. Vous pouvez également vous rapprocher de cabinets de recrutement spécialisés dans l'emploi des seniors. Atout Senior, Quintecia, ExperConnect... en région parisienne, Senior Pro en région Rhône-Alpes ont, par exemple, investi ce marché. Enfin, plusieurs réseaux de travail temporaire ont mis en place des structures dédiées à cette population.

6- Combien coûte un retraité?

La rémunération d'un retraité est soumise à cotisations sociales, au même titre que n'importe quel salaire. La formule n'est donc pas particulièrement avantageuse au plan financier, d'autant que les prétentions d'un senior se situent généralement dans la fourchette haute du marché. «Même si certains reprennent un emploi pour entretenir un lien social et se ménager une transition vers la retraite à temps complet, ils ne sont pas prêts à se brader et n'acceptent jamais de rémunération inférieure à leur dernier salaire, au prorata temporis bien sûr», prévient Marie Edel, responsable de l'agence de travail temporaire Start People de Pau, site pilote du réseau pour l'emploi des personnes retraitées.

A savoir

Des améliorations à l'étude
Déplafonnement des revenus, suppression du délai de six mois avant de retourner travailler chez son ancien employeur... Le gouvernement étudie différentes pistes pour améliorer le dispositif du cumul emploi-retraite. Certains assouplissements étaient attendus pour fin 2007, mais il faudra finalement patienter jusqu'à la fin de la session parlementaire, en juillet, sauf si un accord est trouvé avant, avec les partenaires sociaux. Le gouvernement planche en effet sur la poursuite de la réforme des retraites abordée en 2003. Le dispositif du cumul emploi-retraite sera étudié en même temps. «Au-delà du sujet du cumul emploi-retraite stricto sensu, toute disposition allant dans le sens de l'activité au-delà de 60 ans est à privilégier», a par ailleurs précisé François Fillon dans une lettre à son ministre du Travail, Xavier Bertrand.

 
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SYLVIE LAIDET

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