Elle chouchoute ses salariés
Restauration. Brigitte Pronost mène une politique de ressources humaines digne des plus grandes entreprises: intéressement aménagement du temps de travail en fonction des aspirations de chacun, contrat spécifique aux étudiants, etc.
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Le dimanche matin, les jeunes salariés de Blé Noir, à Brest, font la grasse matinée. Les parents, les femmes comme les hommes, prennent leur mercredi... Un aménagement du temps de travail difficilement imaginable dans une petite entreprise de restauration-traiteur qui carbure sept jours sur sept, de 11 h à 23 h. «Les jeunes sortent le samedi soir, alors je préfère qu'ils se reposent le lendemain, plutôt que d'être absents ou de venir sans être performants», souligne Brigitte Pronost, la dirigeante.
Pour elle, respecter la façon de vivre et l'équilibre de ses salariés en fonction de leur âge et de leurs centres d'intérêt, est une priorité. Autant par conviction que pour fidéliser et maximiser l'efficacité de ses collaborateurs. Et elle ne lésine pas sur les moyens en mettant en oeuvre une politique digne des meilleurs services de ressources humaines. Ainsi, elle intéresse ses collaborateurs aux résultats de l'entreprise, avec des primes individuelles qui peuvent frôler les 4 000 euros par an pour les salariés les plus anciens. Autre piste explorée: l'aménagement du temps de travail, sujet épineux dans le l'univers de la restauration. Brigitte Pronost a mis en place un compte épargne-temps avec annualisation du temps de travail. «Avec ce système, mes salariés ont une vision globale de l'année qui les attend et ils peuvent s'organiser en fonction. C'est très important dans nos métiers ou la saisonnalité est importante». Par exemple, si certains préfèrent travailler plus, ils peuvent capitaliser des jours de repos. Ainsi, il n'est pas rare qu'un salarié se retrouve avec 8 à 9 semaines de congés!
Un équilibre humain
Cette façon de gérer les ressources humaines n'est pas sans conséquence sur l'organisation de l'entreprise. La gérante est obligée de recruter pour pallier les départs en vacances. «C'est un luxe que l'entreprise se permet pour trouver un équilibre humain acceptable», reconnaît Brigitte Pronost. Elle a imaginé, par exemple, un contrat annualisé spécifique aux étudiants: quand ils sont disponibles ils s'investissent plus et, quand ils sont en période d'examen, ils travaillent moins. Mais tous les mois, ils touchent le même salaire. Un système qui fidélise les jeunes qui restent souvent salariés de Blé Noir tout au long de leur cursus.
Une stratégie qui porte ses fruits puisque le turnover, très élevé dans le secteur, est quasi inexistant dans sa structure. Forte de son succès, elle a décliné sa recette RH à une nouvelle enseigne de crêperie, Latitude crêpe, créée en 2004.
Cette avant-gardiste des ressources humaines - elle avait imposé les 39 heures dans son entreprise, dès 1992, alors que l'usage était plutôt de 43 à 45 heures - planche désormais sur un nouveau chantier qui lui tient à coeur: les seniors et la pénibilité du travail. Elle réfléchit ainsi aux moyens de maintenir dans leur poste les salariés de plus de 55 ans. En diminuant leur temps de travail sans toucher aux salaires, grâce à une pirouette comptable.
Grâce à une politique RH innovante, Brigitte Pronost limite le turnover.
Repères
> Raison sociale Blé Noir
> Activité Restauration -Traiteur
> Ville Brest (Finistère)
> Création 1986
> Dirigeant Brigitte Pronost, 49 ans
> Effectif 20 personnes
> Chiffre d'affaires 2007 1,6 million d'euros