Déchiffrez votre bilan comptable
Difficile, pour un chef d'entreprise centré sur son coeur de métier, de bien appréhender la complexité d'un bilan comptable. Il se compose de trois documents: le compte de résultat, le bilan et les annexes éventuelles. Voici les clés pour mieux comprendre cette photographie de votre activité.
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1. Le compte de résultat
C'est le révélateur de la performance de votre entreprise. Si le compte de résultat est positif, c'est que votre société engrange des bénéfices. S'il est négatif, il faut analyser la conjoncture, la concurrence et le marché afin d'y trouver une explication. « Le compte de résultat se compose du résultat d'exploitation, du résultat financier, du résultat courant (somme des deux précédents résultats) et du résultat exceptionnel », développe Nathalie Malicet, experte-comptable associée chez Anexis, cabinet bordelais. Le résultat d'exploitation est la différence entre les produits d'exploitation (ventes) et les achats, ainsi que les frais généraux et les frais de personnel. Pour que l'entreprise gagne de l'argent, il doit être positif. Le résultat financier, quant à lui, est la différence entre les produits financiers (placements...) et les charges (agios...). « Un résultat financier peut être négatif Cela signifie que les financements de l'entreprise coûtent de l'argent mais ne révèle pas nécessairement d'anomalie », précise Nathalie Malicet. Quant au résultat courant avant impôts, il est important pour définir si la société peut financer ses coûts d'exploitation. Dernier paramètre: les produits et charges exceptionnels figurent au compte de résultat et décrivent toute opération «extraordinaire». Par exemple, un bénéfice tiré de la vente d'une voiture alors que cela ne relève pas de l'activité courante. Toute analyse de performance se déroule essentiellement sur le résultat courant. D'autre part, le compte de résultat permet de déterminer la marge (ventes + production - achats consommés). « Il est important de comparer la marge actuelle avec celle des exercices précédents, explique Fanny Bossard, experte-comptable dirigeante du cabinet 2AE Conseil à Saint-Julien-de-Concelles (Loire- Atlantique). Si la marge a baissé, il faut fournir une explication: le commerçant a-t-il pratiqué des soldes ou des remises? La démarche est positive dès qu'elle vise à écouler des stocks. » A l'inverse, une marge en hausse signifie que l'entreprise vend des produits ou services à plus forte valeur ajoutée, ce qui est aussi un point fort. « Un artisan doit bien connaître la composition de sa marge afin de s'organiser de façon à être rentable », insiste Fanny Bossard. Rien ne sert de perdre du temps sur un chantier à faible rentabilité, sauf pour des questions de retombées futures (image, clients potentiels fructueux...).
2. Le bilan
Il s'agit d'une photographie de l'entreprise à un instant T, avec deux colonnes: actif et passif. « Le bilan mesure la solvabilité de l'entreprise», souligne Nathalie Malicet. A gauche du bilan, l'actif. Il regroupe les possessions matérielles ou immatérielles de la société et les investissements: immobilisations corporelles ou immobilisations incorporelles. Cette donnée est assez stable d'année en année. Autre volet: les actifs circulants, c'est-à-dire les stocks et les créances (tout ce qui a été vendu). Dernier point: les liquidités ou contenus des comptes bancaires. A droite du bilan: le passif. On y trouve les dettes bancaires, fiscales (impôt sur les sociétés, etc.), sociales (Urssaf ou TVA) ou encore les dettes envers les fournisseurs. Autre point: les capitaux propres. Il s'agit du capital social et des réserves (bénéfice non distribué), pour les sociétés classiques (SARL, etc.), tandis que, pour les entreprises individuelles, il s'agit du compte de l'exploitant. Pour un artisan en nom propre, les capitaux propres représentent la différence entre les apports réalisés par le dirigeant (dépenses réglées personnellement) et les prélèvements effectués. Car en entreprise individuelle, le dirigeant ne perçoit pas de salaire, mais se paie par prélèvement. «Dans un bilan, il est important d'examiner le circulant, actif et passif . Il faut vérifier le niveau de la trésorerie, voir si l'entreprise possède de l'argent, liquide ou sous forme de stocks ou de créances clients, et comparer ce niveau avec les dettes», indique Fanny Bossard. S'il y a trop de créances clients, cela signifie peut-être que l'entreprise est mal organisée au niveau des relances pour faire entrer l'argent. Trop de stocks dénotent un problème de gestion. Enfin, il faut se méfier des créances fournisseurs trop importantes, car l'argent possédé n'est que virtuel.
3. L'annexe
Ce texte apporte un éclairage sur certains points, hors bilan. Par exemple, si l'entreprise se sépare d'un collaborateur qui l'attaque aux prud'hommes et réclame le paiement d'heures supplémentaires, l'annexe indique le déroulé de la procédure. La liasse fiscale est un document normé (Cerfa) souvent réclamé par les banques. Il comprend l'identité, le bilan et le compte de résultat de l'entreprise sous forme codifiée pour être saisie sur ordinateur et exploitée «à froid». «En sachant déchiffrer son bilan et argumenter, le dirigeant de TPE se distingue de ses concurrents et peut gagner la confiance des investisseurs », affirme Nathalie Malicet. Un point important à avoir en tête.