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Conflits entre associés: comment éviter le pire?

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Entre votre associé et vous, rien ne va plus? Pour éviter que le bras de fer quotidien ne tourne à la guerre de tranchées, le dialogue reste la piste la plus évidente. Si néanmoins la situation reste bloquée, pensez à la médiation.

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Au début, tout est toujours rose. Pourtant, les années passent et, comme dans toute association, des tensions peuvent surgir. Souvent quand l'entreprise n'est plus si florissante. Or les différends entre associés peuvent être lourds de conséquences d'un point de vue financier et nuire à la bonne marche des affaires. Lorsqu'une telle situation apparaît, les associés sont souvent démunis et ne parviennent pas toujours à gérer le conflit.

Attention aux réactions à chaud

Cela peut paraître une lapalissade mais le dialogue reste l'arme la plus efficace. Un rendez-vous en terrain neutre est préférable, ne serait-ce que pour ne pas alerter les salariés. Identifiez la source du problème et, ensemble, imaginez des solutions pour le résoudre. Diriger à plusieurs suppose une répartition des responsabilités. Peut-être est-ce là que le bât blesse? Le contour de vos postes est peut-être devenu flou et vous empiétez sur vos plates-bandes respectives. Vos décisions peuvent par ailleurs avoir des répercussions sur le travail de votre associé. « Chacun des protagonistes doit prendre conscience de l'écho qu'a son action sur son confrère, insiste Hubert de la Villeon, coach membre de la SFCoach (Société française de coaching). Il faut sortir d'une logique d'exclusion pour voir à nouveau les choses ensemble. Il faut passer de la logique du «ou» (c'est toi ou moi) à une logique du «et». Cette dernière fait coexister deux points de vue qui doivent trouver une nouvelle dimension commune. » Aux deux associés de regarder ensemble: quels sont leurs objectifs aujourd'hui? Quels étaient ceux d'hier? Autrement dit, quel est le degré de distorsion? Le conflit peut-il trouver une issue ?

« Quand des tensions surviennent, il faut les désamorcer au plus vite pour éviter que le conflit ne s'enlise », propose Hubert de la Villeon. Mais, ne confondez pas vitesse et précipitation. Evitez les réactions à chaud afin de ne pas agir sous le coup de la colère. Ne laissez pas des tensions latentes, mais abordez-les à tête reposée.

Chacun campe sur sa position?

Faire intervenir une tierce personne peut contribuer à la résolution du conflit, sans pour autant tomber dans la solution extrême du divorce. Cette pratique aide souvent à débloquer la situation car elle est psychologiquement plus acceptable. « Une personne étrangère, qui n'aura pas d'affect dans le conflit, pourra délivrer un avis neutre. Le mieux est alors de faire appel à un professionnel qui n'a aucun intérêt dans l'une ou l'autre partie », conseille Hubert de la Villeon. La solution? Saisir un médiateur. « Un médiateur est un accompagnateur de négociation, définit Sophie Henry, secrétaire générale du Centre de médiation et d'arbitrage de Paris (CMAP). Il n'est pas là pour prendre une décision ou arbitrer, mais pour faciliter le dialogue entre partenaires. » A vous et votre associé de vous tourner vers un centre spécialisé, comme le CMAP, qui vous proposera un médiateur parmi un collège d'avocats, d'anciens magistrats, de chefs d'entreprise et de consultants. Une fois désigné et approuvé par les deux parties en discorde, le médiateur vous convie à une réunion. C'est le moment où jamais de préciser vos attentes et les perspectives de résolution du conflit envisagées. Le médiateur écoute les versions des protagonistes et en propose une reformulation. « Ainsi chaque partie va entendre la position de l'autre, assure Sophie Henry. Et dans 70 % des cas, on finit par trouver un accord. » Les juristes de chacun des associés préparent alors un protocole d'accord que toutes les parties devront signer. Au total, une médiation dure en moyenne entre 15 et 18 heures, réparties en deux ou trois entretiens. Son coût se calcule au taux horaire, c'est donc le temps passé qui déterminera le montant de la facture. Pour Sophie Henry, « l'un des avantages de la médiation, c'est son coût maîtrisé et sa confidentialité ». Tous les éléments de la médiation ne sont connus que de vous, de votre associé, de vos avocats et de l'intervenant. Si l'affaire venait à être poursuivie devant le tribunal de commerce, rien ne serait révélé. Envisagez en effet l'éventualité que votre désaccord vous mène au tribunal de commerce. Le juge vous proposera soit de faire appel à un médiateur, soit à un spécialiste du droit des affaires. Là encore, l'entrevue est destinée à aboutir à un protocole d'accord. Si tel n'était pas le cas, un rapport sera remis au juge qui statuera alors sur la dissolution de l'entreprise... Marquant ainsi la fin définitive de l'aventure.

A savoir

Anticipez les contentieux via un pacte d'associés
Rédiger certaines règles dans un pacte vous permet de cadrer la relation entre associés, au moment où tout va bien. Le pacte d'actionnaires (d'une SA) et le pacte d'associés (d'une SARL) s'avèrent souvent essentiels. Ils permettent d'anticiper diverses situations et l'éventuelle sortie d'associés. Ces documents à caractère juridique peuvent être conclus pour une durée déterminée. Vous avez alors la possibilité, à l'échéance, de négocier un nouveau pacte. Exemples de clauses: la clause de non-concurrence (qui empêche un associé de monter une structure parallèle), la clause de distribution des bénéfices (qui stipule qu'un associé majoritaire peut s'engager à distribuer des dividendes dès lors qu'un bénéfice distribuable est constaté) ou la clause d'agrément (dans le but d'éviter l'intrusion d'un tiers dans le cercle des associés - celui qui souhaite céder ses actions ou ses parts sociales devra obtenir, préalablement à la cession, l'accord de la société).

 
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