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Commerçant et président d'association: un casse-tête?

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Si le mandat de président d'association apporte des satisfactions aux élus qui défendent leur secteur d'activité, il les expose parfois à des critiques qu'ils doivent savoir gérer. Le point avec des professionnels qui ont choisi de porter cette double casquette.

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Les enjeux de la fonction de président d'association? «Défendre ses confrères » et, pour y parvenir, « être soi-même exemplaire». C'est du moins la ligne de conduite que s'est tracée Georges Sorel, l'actuel président de la Fédération française des associations de commerçants, au cours de sa longue carrière d'élu. Il n'est pas toujours facile de défendre les intérêts des commerçants, surtout face aux politiques et aux administrations, d'autant que les sujets sont nombreux et variés. Quel que soit le sujet traité, il importe peu que le président soit personnellement concerné, car il est avant tout force de proposition. C'est à lui, par exemple, d'aller plaider auprès des services municipaux la cause d'un restaurateur à qui on a refusé l'installation d'une terrasse. «Le président d'une association de commerçants ne doit jamais se contenter des premières réponses opposées à une demande, il doit se montrer diplomate et tenace pour négocier», conseille Georges Sorel. Il oeuvre pour le bien collectif. «Nous sommes là pour établir des liens entre les commerçants, la profession et les élus. C'est une activité réellement dynamique!», s'exclame Jacques Descours, président de l'association Lyon Côté Croix Rousse.

Acteur de la vie locale, son rôle est à la frontière de la politique. D'ailleurs, nombreux sont les commerçants engagés dans des associations qui cumulent cette fonction avec une carrière politique locale. Pour le reste, le commerçant président oeuvre en faveur de l'animation d'un quartier ou d'un centre-ville pour dynamiser le trafic. Il pousse ses initiatives au risque de faire des jaloux. « Tant mieux si les autres associations nous copient», lâche Jacques Descours, qui dirige, à Lyon, la plus grosse association de quartier et a comme objectif de regrouper l'ensemble des associations du centre-ville. Et tant pis si ses détracteurs critiquent... «Nous brassons un budget important et cela peut créer des convoitises. Celui qui dépense son énergie à mobiliser des partenaires et à oeuvrer pour le bien collectif n'a pas le temps de s'apitoyer et balaie les attaques d'un revers de la main. »

Persévérance et impartialité

Côté business, la fonction n'apporte pas toujours des avantages. «Elle peut même être source d'inconvénients, car elle est chronophage », lâche Georges Sorel. En consacrant une partie de son emploi du temps à la vie associative, le président peut aller jusqu'à délaisser son entreprise et ses clients. Il n'est pas rare également que des prises de position en dérangent certains. «Il faut être vigilant mais persévérant», glisse Jacques Descours. Parfois, le président arbitre des conflits d'intérêt. Il doit alors pouvoir se poser en médiateur et faire preuve d'impartialité.

En revanche, au niveau personnel, les commerçants se félicitent de leur engagement qui leur a apporté un enrichissement intellectuel intéressant. «Le commerce de proximité est en mutation, les fonctions qui nous sont attribuées nous encouragent à suivre l'actualité de près, à analyser les évolutions du secteur et à anticiper pour s'adapter au commerce de demain », déclare Jacques Descours, également élu à la chambre de commerce et d'industrie de Lyon. Les différents engagements se nourrissent entre eux. Mais la mission est porteuse d'ouverture d'esprit.

Témoignage
Alfredo Julio, président de la Ronde des quartiers à Bordeaux

Boulanger de son état, Alfredo Julio, s'est engagé dans la vie associative de son quartier, «car il fallait un interlocuteur pouvant échanger avec la municipalité et la communauté urbaine (CUB) lors des travaux du tramway». Aujourd'hui, il préside l'association qui regroupe les commerçants du centre-ville bordelais dans son ensemble et siège au Conseil consultatif pour l'organisation du commerce de proximité. Un engagement qui lui permet de ne pas «s'encroûter» et de «mieux comprendre l'organisation du secteur». Il s'est fixé comme feuille de route la défense des intérêts des commerçants, comme négocier les dates de valeurs avec les banques, et la création d'animations. «J'ai envie de faire avancer les choses, mais comme le job est chronophage, je prends sur mon temps personnel et, du coup, j'ai dû arrêter le sport», confie-t-il au passage.
Président d'association depuis trois ans et en charge d'un nouveau mandat de trois ans, Alfredo Julio ne s'accrochera pas à son fauteuil. «Pour que les associations bénéficient d'idées innovantes, les hommes doivent changer régulièrement», déclare-t-il.

 
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Véronique Méot

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