Banque: devez-vous mettre tous vos oeufs dans le même panier?
En matière de compte bancaire professionnel, il n'y a aucune limite. Vous pouvez en ouvrir autant que vous le souhaitez. Mais est-ce réellement intéressant de multiplier ces comptes? Quels sont les avantages et les inconvénients de la «multibancarisation»? Tour d'horizon.
Je m'abonneNeuf dirigeants d'entreprise sur dix souhaitent n'avoir qu'une seule banque. C'est ce qu'il ressort de l'étude Pepites menée par le CSA en 2010. Pour sa part, Florent Lamoureux, directeur du marché professionnel des Caisses d'Epargne (Groupe BPCE), pense que les dirigeants d'entreprise souhaitent une gestion simple avec un minimum d'interlocuteur. « L'intérêt de n'avoir qu'une seule banque étant de pouvoir développer avec son conseiller une relation de confiance et de lui permettre, ainsi, d'avoir une vision globale sur l'ensemble de l'activité de la société », précise-t-il.
Toutefois, même si pour Julien Rittener, directeur associé de Five Conseil (cabinet de conseil aux entreprises), il n'est pas recommandé pour une TPE de posséder plus de deux ou trois comptes professionnels, la «multibancarisation» peut présenter des avantages. A condition de mettre en place une gestion millimétrée de son entreprise. Car il ne faut pas perdre de vue que posséder plusieurs comptes demande du temps et implique des frais bancaires supplémentaires.
Jouer sur sa trésorerie
Ainsi, pour Jean-Marc Tariant, président du cabinet Finance & Stratégie, faire le choix de posséder des comptes professionnels dans plusieurs banques permet de faire jouer la concurrence. « Il s'agit là d'une relation plus indépendante, qui incite à mieux connaître et maîtriser le marché. N'avoir qu'une seule banque, c'est se priver de leviers de négociation pour obtenir des taux de crédit tirés vers le bas », souligne-t-il.
La «multibancarisation» permet également de se protéger d'un changement d'organigramme dans votre établissement bancaire. Par exemple, l'arrivée d'un nouveau directeur d'agence pourrait conduire à la suppression, du jour au lendemain, de toutes vos lignes de crédit.
En outre, ce peut être un moyen pour débloquer de la trésorerie à très court terme. Décider d'ouvrir plusieurs comptes peut s'avérer être une solution, mais uniquement à moins de six mois. « Il s'agit d'une procédure à bien mûrir. Et il faut avoir anticipé une issue à ses problèmes de sous-financement sur trois à six mois maximum », met en garde Julien Rittener.
Autre cas de figure, quand une TPE souhaite obtenir un prêt. « Une entreprise en phase de développement peut avoir besoin d'un financement à court terme. Dans ce cas, une banque pourra demander à son client de partager les risques de ce prêt avec une autre banque », précise Julien Rittener (Five Conseil). Du côté des banques, et notamment de la BPCE, Florent Lamoureux souligne que, dans le cadre d'une demande de crédit, la «multibancarisation» n'est valable que sur des gros emprunts à moyen terme. Il sera alors possible d'envisager des cofinancements avec d'autres instituts financiers.
Enfin, la «multibancarisation» peut s'avérer être un choix judicieux lorsqu'une TPE recherche un conseiller financier avec des compétences particulières. « Par exemple, si une entreprise veut se développer à l'export, il peut être intéressant d'ouvrir un compte dans une banque mettant à la disposition de ses clients ses experts en commerce international », souligne Agnès Dalliet, responsable du marché des professionnels et des TPE au sein de la Société Générale.
Néanmoins, dans le cas où vous feriez le choix de la «multibancarisation», faites attention à ne pas détériorer la relation de proximité que vous pouvez entretenir avec votre conseiller financier. Car une banque prêtera toujours plus facilement de l'argent à une entreprise qu'elle connaît. Un point important à garder à l'esprit.