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A l'école du pain

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Professeur de boulangerie-pâtisserie auprès d'apprentis, Philippe Bazin a délaissé l'enseignement pour reprendre une boulangerie avec son épouse. Un pari réussi pour ce couple bien décidé à croquer la vie de commerçant à pleines dents.

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C'est un soir de Saint Sylvestre 2004 que Philippe Bazin, professeur en boulangerie au Centre de formation d apprentis (CFA) du Nord, a fait une croix sur sa vie de salarié. Après quinze années consacrées à la formation des nouvelles générations, soit plus de 1 500 jeunes, l'enseignant souhaite passer de l'autre côté de la barrière. Le déclic? Sa rencontre avec sa nouvelle compagne, Corinne, commerciale. Car, si son rêve d'enfant est de reprendre une boulangerie-pâtisserie, c'est, pour lui, un projet qui ne peut se mener à bien qu'à deux. «Tenir un commerce, c'est une affaire de couple, estime Philippe Bazin. Le boulanger peut fabriquer de beaux et bons produits, mais s'il n'a personne pour les mettre en valeur et créer une vraie relation avec les clients, cela ne sert à rien.»

De prof à patron

Six mois après leur rencontre, le couple décide donc de se lancer, d'autant que le cap de la quarantaine apparaît idéal au commerçant pour amorcer un nouveau virage dans sa carrière professionnelle. Et, cinq mois plus tard, ils ouvrent la boulangerie Aux deux moulins à Roost-Warendin, dans le Nord. Non sans mal: «Les banques étaient frileuses, elles ne comprenaient pas pourquoi nous voulions quitter une situation confortable avec des emplois stables et bien rémunérés!», explique le boulanger. Mais passer de 35 à 70 heures par semaine ne leur fait pas peur... Etre seuls maîtres à bord, ne rendre de compte à personne, se prémunir de la routine: «C'est une autre gestion du temps et de la vie de famille», analyse Philippe Bazin.

Seul regret par rapport à son ancienne vie: le contact. «Je passe mes journées dans le fournil, mais j'essaye, dès que je peux, de faire un tour dans la boutique», assure-t-il. De son métier d'enseignant, il garde le goût de la transmission de son savoir-faire. Petit à petit, Philippe Bazin se constitue son équipe. Sur les sept personnes travaillant avec lui, quatre sont apprentis.

Mais la relation d'élève à professeur est bien différente de celle de salarié à patron. «Il faut être plus diplomate pour que le message passe, souligne le boulanger. Je suis également plus exigeant: tout ce que l'on fabrique part à la vente. Il y a aussi des impératifs de productivité que l'on n'a pas dans une salle de classe. Ici, le temps est compté.» En ouvrant le dimanche, en élargissant sa gamme de pains et le rayon pâtisserie, en créant des animations régulières, le commerçant développe et pérennise son entreprise, qui affiche un chiffre d'affaires de 350 000 Euros en 2007. Rassuré sur ce point, il se concentre désormais sur sa commune d'adoption. L'an dernier, il a créé l'union commerciale Acar, qui fédère quelque 20 commerçants de Roost-Warendin, pour dynamiser le commerce et l'artisanat locaux.

Philippe Bazin Boulanger-Pâtissier

«Les banques étaient frileuses, elles ne comprenaient pas pourquoi nous voulions quitter une situation stable et confortable!»

Bio

- 1985 - 1986
Philippe Bazin obtient deux CAP: boulanger puis pâtissier.
- 1988
Il passe son brevet professionnel et son brevet de maîtrise en boulangerie.
- 1989
Il devient formateur au CFA de Chal on sur Marne (51).
- 1991
Il est engagé comme professeur au CFA de la Chambre de métiers du Nord.
- 2005
Il ouvre sa boulangerie-pâtisserie avec sa femme, Corinne.

 
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CARINE GUICHETEAU

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