La boutique Yume maintient le lien pour redémarrer fort
Publié par Frédéric Villiers le | Mis à jour le
À Alençon, dans l'Orne, une boutique de vêtements du centre-ville a misé sur Facebook et un partenariat avec le restaurant voisin, afin de poursuivre son activité coûte que coûte. Une stratégie dont la gérante mesure aujourd'hui la pertinence.
Lorsque le confinement est annoncé, à la mi-mars, Delphine Leboucher est, comme tout le monde, prise de court. "On ne savait pas combien de temps ça allait durer, alors je ne me suis pas organisée tout de suite. Si j'avais su, je n'aurais pas attendu pour lancer la formule que j'ai finalement mise en place mi-avril, et qui a bien fonctionné !"
Cette formule, c'est un report au maximum sur Facebook, où les ventes de sa boutique, baptisée Yume, ont été boostées. "Alors que jusque-là c'était marginal, j'ai beaucoup développé ce canal". Ainsi, les ventes par correspondances du magasin, ont été multipliées par plus de dix ! "Et j'envoie désormais aussi des accessoires ou des vêtements, ce que je ne faisais pas", affirme t-elle.
Ne pas miser que sur la Poste
Mais pour garder plusieurs cordes à son arc, Delphine a associé Yume avec le restaurant Chez Fano, situé dans une rue voisine. "Eux ont pu ouvrir puisqu'ils ont une partie épicerie fine, ce qui les faisait entrer dans la catégorie des commerces de première nécessité, au même titre que tous les commerces de bouche". C'est donc là que les clients qui passaient commande sur Facebook pouvaient retirer leurs colis.
"Grâce à cela, Yume n'a certes sauvegardé qu'une partie du chiffre d'affaires... mais c'est déjà ça, considère Delphine Leboucher. Je n'ai sauvé qu'un quart du CA. Mais si je n'avais rien fait, je serais tombée à zéro ! Ça a permis des rentrées d'argent pour parer au plus pressé. Et un quart, ce n'est déjà pas mal quand on pense que de la mi-mars à la mi-avril, je n'ai eu aucune activité : tout ce chiffre a été fait sur le dernier mois du confinement".
Certes, le magasin a eu besoin d'un prêt bancaire : Yume a obtenu d'emprunter 40 000 €, remboursables sur cinq ans. "J'ai ainsi pu payer les fournisseurs et le stock, qui est énorme dans mon secteur", explique la gérante.
Se refaire avant la fin de l'année ?
Mais Delphine reste optimiste. "Au début, je pensais que mes 22 000 € de CA en moins sur mars-avril étaient perdus définitivement. Aujourd'hui, je suis plus positive, car je constate que la clientèle revient en masse". Sans doute alléchée par les photos mises en ligne, où la gérante utilise sa fille comme mannequin. "Ça marche du tonnerre : sitôt que je publie des photos, où le prix est toujours indiqué, les clients viennent, dès le lendemain parfois pour un post publié à 22 heures !"
De ce fait, le panier moyen a nettement augmenté. "Il est passé de 35 € en mai 2019 à 56 € en mai de cette année : je n'avais jamais vu ça ! Après avoir rouvert le 11 mai, j'ai fait le même chiffre qu'en mai 2019, en seulement trois semaines au lieu de quatre...", confirme Delphine.
Les clients revenus achètent davantage d'articles, avec un indice moyen de vente passé de 1,98 objet par personne à 2,12. Mais ils achètent aussi plus cher. "Si bien qu'après une période assez angoissante, j'ai désormais l'espoir de me refaire avant la fin de l'année. Si la tendance se maintient - et je ferai tout pour que le nouveau canal via Facebook continue à prospérer - il est possible que j'atteigne en 2020 le même CA que l'an dernier", se réjouit-elle. En ayant été fermé totalement pendant un mois, et à demi pendant quatre autres semaines !
Repères
Raison sociale Yume
Activité Vêtements au détail
Siège social Alençon (Orne)
Date de création Février 2008
Gérante Delphine Leboucher, 45 ans
Effectif 1+1 personnes
CA 2019 200 k€