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Revitalisation commerciale des centres-villes : les deux axes d'action du gouvernement

Publié par Pierre Lelièvre le - mis à jour à

Face à l'accentuation du taux de vacance commerciale dans les centres-villes, le gouvernement souhaite aller plus loin en défendant notamment une nouvelle stratégie d'urbanisation commerciale.

Un phénomène "préoccupant". Le terme choisit par l'Inspection générale des finances (IGF) et le Conseil général du développement durable (CGEDD) pour évoquer la vacance commerciale dans les centres-villes, marque la gravité de la situation du commerce de proximité des centres urbains en France.

Dans un rapport remis jeudi 20 octobre 2016 aux ministres de l'Aménagement du territoire, Jean-Michel Baylet, et du Logement, Emmanuelle Cosse ainsi qu'à la secrétaire d'État chargée du Commerce, Martine Pinville, l'IGF et le CGEDD montrent que le taux de commerce fermé ne cesse de croître.

Avec près de 10,4 % de commerces aux rideaux baissés en 2015 contre seulement 6,1 % en 2001, selon les chiffres de l'Institut pour la Ville et le commerce, le phénomène est particulièrement visible au sein des villes moyennes dont la population est comprise entre 10 000 et 100 000 habitants. La Fédération du commerce spécialisé, Procos, estimait, en juin 2016, dans des proportions semblables cette tendance à la désertification des centres-villes.

Pour tenter de contrer cette dynamique négative, le gouvernement souhaite agir pour revitaliser les coeurs de villes.

Le rapport met en avant trois raisons expliquant la vacance commerciale des centres-villes : la vulnérabilité du tissu socio-économique associée à la forte concurrence créée par les zones périphériques ainsi que " la perte d'équipements structurants " contribuant à la désaffection des commerces de proximité, donc à leur disparition.

Dans un long et détaillé rapport, l'IGF et le CGEDD formulent des pistes d'action à mettre en place par les pouvoirs publics et les acteurs du secteur pour tenter d'enrayer ce phénomène inquiétant.

Définir une stratégie globale

D'abord, le rôle des collectivités s'avère primordial pour tenter de définir une stratégie de développement du commerce à l'échelon local en discernant davantage le centre-ville des autres centralités existantes. " Définir le ou les périmètres de centralité correspondants permet à la collectivité d'établir ensuite une stratégie pour préserver, conforter ou requalifier le centre-ville dans le cadre d'un projet global mobilisant tous les leviers techniques et financiers utiles ", détaille le rapport.

Un levier qui est également à associer à une meilleure synchronisation entre pouvoirs publics et commerçants. À travers, la nomination d'un manager de centre-ville ou d'une organisation rassemblant acteurs privés et publics, les auteurs avancent qu'une meilleure coordination entre protagonistes a " déjà été éprouvée ".

Par ailleurs, les deux institutions émettent l'idée d'accompagner les commerçants de centre-ville vers le commerce de demain. Outre le développement d'une coopération partenariale entre le public et le privé, la transformation digitale fait également l'objet d'une réflexion avancée en s'appuyant sur le renforcement de l'équipement informatique des entreprises ainsi que le développement de sites internet pour le e-commerce.

Gérer l'urbanisation commerciale

Au delà des moyens d'action relatifs à la coordination entre élus, pouvoirs publics et professionnels du commerce, les travaux traitent également de la nécessité d'avoir une cohérence territoriale en termes d'urbanisation commerciale.

L'aménagement commercial est un des enjeux mis en évidence. À travers l'interconnexion des acteurs locaux (région, intercommunalité et villes) autour du tissu commercial ou de l'impact global des nouveaux projets d'implantation commercial, l'objectif vise à redéfinir la stratégie d'agencement des zones tendues pour redonner une place aux commerces de centre-ville.

Enfin, les auteurs du rapport pointent le nécessaire besoin de repenser la gestion du foncier commercial. Prônant à terme la mise en place d'un réseau national d'opérateurs urbains spécialisés dans l'aménagement, l'IGF et la CGEDD proposent le déploiement, au niveau local, d'experts spécialisés.

En parallèle, l'idée de créer des foncières commerciales publiques-privées en coordination avec des entreprises publiques locales ainsi que la Caisse des dépôts et consignations est également avancée.

À l'occasion de la remise du rapport au gouvernement, Martine Pinville a annoncé qu'un million d'euros sera réservé "à la création d'outils innovants" et visant à "financer dès que possible les stratégies de développement urbain, les nouveaux partenariats entre les acteurs publics et privés, et le développement du management de centre-ville".

Cette enveloppe proviendra des ressources financières du Fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce (FISAC).