Enfermer les livres dans des casiers pour les déconfiner
Publié par Auriane Velten le - mis à jour à
Durant le confinement, Sandrine Lebreton a imaginé un système de casiers pour vendre les livres de son stock sans aucun contact. Une initiative qui a touché ses clients et au-delà, grâce aux réseaux sociaux.
L'annonce de la fermeture des commerces, Sandrine Lebreton l'a vécu "comme tout le monde. C'était un coup de bambou sur la tête." Elle avait supposé, pourtant, qu'un tel événement se produirait ; mais pas si tôt. Prise de court, elle n'a pas eu le temps de mettre en place le système de drive et livraison auquel elle songeait. "Et, vu l'ampleur de la crise sanitaire, j'ai décidé de tenir compte des recommandations de la profession, explique-t-elle. Le syndicat SLF préconisait d'éviter les livraisons et le drive, pour enrayer au plus vite la contagion ; et pour protéger la population et le personnel."
Après avoir mis ses employés en chômage partiel, la libraire tient 5 semaines sans rien faire. Mais, régulièrement, elle passe devant des consignes Amazon présentes dans plusieurs grandes surfaces d'Aurillac. "L'idée a fait son chemin, et je me suis dit "Pourquoi pas nous ?", se souvient Sandrine Lebreton. Et je me suis mise en quête de casiers avec cadenas à code." Elle commande finalement une colonne de cinq casiers auprès de la société spécialisée Manutan, pour 230 €, et les fixe à l'extérieur de son commerce dès réception.
Puis, elle informe ses clients, avec une vidéo diffusée sur la chaîne Youtube de la librairie ; ainsi qu'un affichage sur sa devanture, et des publications sur Facebook et Instagram. Ses clients n'ont plus qu'à consulter le stock, en ligne dès avant la crise, et envoyer un mail pour commander les ouvrages souhaités. La libraire les rappelle ensuite pour procéder au paiement à distance - car elle avait également déjà un contrat VAD - puis convenir avec eux d'un créneau, un casier, et un code.
Youtube pour remplacer le conseil en boutique
Mis en place le 22 avril, ce système de casiers génère, en 15 jours, 400 commandes et 15 000 € de CA. Une belle réussite, même si ce montant ne représente que 20 % des rentrées mensuelles habituelles de la librairie Point-virgule (entre 80 000 € et 90 000 € les mois classiques). Mais Sandrine Lebreton retient surtout le succès de son opération de communication. "Le petit laïus diffusé via Youtube, Facebook, etc., a été énormément partagé. Nous avons eu plus de 11 000 vues : du jamais vu ! se félicite la libraire. Notre slogan "Mieux qu'Amazon, achetez dans votre zone" a été très apprécié."
Et une comparaison entre le fichier client de la librairie et les patronymes des personnes ayant passé commande mène à un résultat clair : 30 % des utilisateurs des casiers sont des inconnus, touchés via les réseaux sociaux. Sans oublier le succès de la jeune chaîne Youtube, lancée quelques mois plus tôt "pour partager nos coups de coeur, en parler de la même façon qu'on conseillerait un client en boutique".
Toute jeune, cette chaîne n'avait pas encore eu d'impact en matière de communication. Mais, ça, c'était avant. "Pendant le confinement, ça a très bien marché : les gens ont davantage regardé la chaîne que d'habitude, et commandaient les livres chroniqués.", souligne Sandrine Lebreton. La libraire, qui sait que les réseaux sociaux exigent de la régularité, avoue les avoir souvent négligés, par le passé, quand le quotidien de la librairie était trop prenant. Un état de fait qui va peut-être changer, car "le confinement nous a montré que la communication par les réseaux sociaux était vraiment très efficace".
Repères
Raison sociale Point-Virgule
Activité Librairie
Siège social Aurillac (Auvergne-Rhône-Alpes)
Date de création Novembre 1984
Gérante Sandrine Lebreton, 48 ans
Effectif 11 personnes (dont une apprentie)
CA 1,75 M€