[Étude de cas] Le restaurant Le Reflet joue la carte de l'insertion
Publié par Pierre Lelièvre le - mis à jour à
Ouvert en décembre 2016, Le Reflet est né d'un projet où l'insertion guide l'action sociale. Employant six personnes trisomiques, le restaurant nantais connaît un immense succès et veut se faire copier partout en France.
Contribuer à changer le regard de la société sur le handicap. Le défi était immense. Pourtant, Flore Lelièvre est en passe de le réussir. Ce qui ne devait être qu'un projet de fin d'études d'architecture s'est transformé au fil des mois en un restaurant innovant et unique, où le social prend toute sa place. "Le Reflet offre à des personnes atteintes de trisomie des emplois en milieu ordinaire. L'objectif était de les faire bénéficier d'un salaire convenable, ce qui est rarement le cas, et leur permettre de faire des rencontres, tout en changeant le regard des gens sur ce handicap", détaille la jeune entrepreneuse.
Ouvert en décembre 2016 dans le centre-ville de Nantes, Le Reflet connaît un succès exceptionnel. Bien aidé par une couverture médiatique massive, l'établissement affiche complet. "Nous savions que le projet allait faire du bruit, mais nous n'aurions jamais imaginé un tel démarrage. Nous avons été un peu dépassés par le retour des clients et des médias", reconnaît Flore Lelièvre.
Un espace adapté
Un succès qui ravit l'équipe de dix salariés, composée notamment de six personnes trisomiques. Toutes à temps partiel, elles sont managées au quotidien par le gérant Thomas Boulissière, une chef cuisinière et un commis.
En parallèle, Le Reflet s'est appuyé sur l'action de l'association Trinôme 44, créée pour l'occasion, qui encourage l'intégration des personnes handicapées en développant des outils dédiés. "La société demande constamment aux personnes trisomiques de s'adapter. Nous avons voulu inverser le problème en créant un lieu qui s'ajuste à eux. On a donc décomposé toutes les étapes du travail pour leur faciliter la vie", détaille Flore Lelièvre.
Ainsi, chaque table intègre une carte spéciale sur laquelle les clients sont invités à tamponner leur choix. Une solution ingénieuse pour des serveurs ne sachant pas toujours lire ou écrire. L'environnement de la salle de restauration a, également, été pensé en fonction de codes couleurs sur les murs. Les assiettes, enfin, ont été conçues et moulées afin d'en améliorer la préhension par les personnes trisomiques.
Malgré tout, la route a été sinueuse. "Un tel concept n'existait pas. Il a fallu tout repenser pour offrir les meilleures conditions de travail et trouver un modèle viable", rappelle-t-elle. Accompagnés par un incubateur d'innovation sociale, ils se sont rapidement tournés vers la création d'une entité commerciale.
"À l'origine, nous envisagions de nous lancer sous le statut associatif en bénéficiant de subventions. Mais l'objectif était de prouver que les personnes trisomiques sont capables de travailler. Nous nous sommes donc dirigés vers la création d'une SAS basée sur un modèle alliant le social et la rentabilité", poursuit la dirigeante. Une levée de fonds associée à une campagne de crowdfunding et des emprunts bancaires ont permis de récolter 800 000 euros, la somme nécessaire au lancement du restaurant. Une seconde levée de fonds est prévue pour rembourser les banques.
Si Flore Lelièvre convient qu'il faut encore du temps pour s'assurer de la rentabilité du projet, elle assure toutefois que l'idée doit être déclinée et entend bien encourager d'autres entrepreneurs à se lancer sur le créneau.
Repères
Raison sociale : SAS Le Reflet
Activité : restauration traditionnelle
Ville : Nantes (Loire-Atlantique)
Dirigeante : Flore Lelièvre, 26 ans
Date de création : 2016
Effectif : 10 salariés (6 ETP)
CA 2017 : 250 K€ (prév.)