Renaissance Cuir rénove les souliers jusqu'au canapé
Publié par Frédéric Villiers le - mis à jour à
Dans leur boutique Renaissance Cuir, en plein centre de Paris, Christophe Péro et Sébastien Monier rénovent, réparent, customisent ou colorent tout article en cuir. Une activité florissante, à la croisée du luxe, de la mode, de la récup' et du recyclage.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. À une époque où tant d'artisans tirent la langue, l'atelier Renaissance Cuir est un succès?: "Malgré la Covid, nous sommes encore en croissance. Lorsque nous avons emménagé il y a un an dans notre nouveau local, mieux exposé, notre CA a bondi de 50?%. Et début 2020, nous étions encore en croissance de 30?%", précise Christophe Péro, co-dirigeant de Renaissance Cuir.
Il faut dire que dans le très dense la rue des Gravilliers est une des plus dynamiques pour l'artisanat. "Au fur et à mesure, les grossistes qui occupaient quasiment tous les emplacements se relocalisent en banlieue?", explique-t-il. A leur place s'installent des commerces innovants : "nous bénéficions du passage, y compris celui des professionnels qui viennent de toute la France choisir les articles de maroquinerie chez les grossistes qui restent", poursuit-il.
Une clientèle branchée et... aisée
Dans leurs anciens locaux, les deux maroquiniers connaissaient déjà une croissance continue de... 20?% l'an?! Car Christophe Péro et Sébastien Monier occupent un créneau très porteur. Dans un quartier à haut pouvoir d'achat, ils customisent les baskets ou les accessoires, comme les ceintures, d'une clientèle branchée qui tient à porter un article unique et personnalisé - soit une demi-douzaine de particuliers qui poussent la porte chaque jour, plus une dizaine de commandes de pros chaque semaine.
"Nous changeons la couleur, nous ajoutons des décorations, des impressions en relief... nous pouvons même changer la texture du cuir", explique Sébastien Monier. Pour cela, Renaissance Cuir a déjà travaillé avec Adidas et les stylistes de l'école de David Beckham, ou avec le très chic grand magasin "le Bon Marché", où ils eurent un corner pendant les périodes de Noël.
Tout ne se fait pas en boutique. Pour un vieux canapé, les artisans se déplacent à votre domicile et le reteignent. De fait, leur travail s'adresse à une clientèle qui recherche un certain luxe. "Pour une rénovation et coloration de manteau ou de sac à main, il faut compter 250 à 350?euros. Mais c'est souvent moins cher que d'en racheter un neuf, soulignent les deux amis. Et puis il y a la valeur sentimentale, et l'aspect écolo?: on ne jette plus ces articles qui retrouvent une deuxième jeunesse."
Environ 60?% du CA vient de ces rénovations, le reste du patinage des souliers, marché très porteur?: un cuir encore un peu "brut" peut acquérir entre leurs mains un cachet inégalé, pour une centaine d'euros. De très grandes marques leur envoie et même leurs articles à traiter.
Recyclage et reconversion
Pour les deux artisans, ce fut une reconversion totale lorsqu'ils se lancèrent, en 2012?: Sébastien Monier travaillait en effet dans l'industrie du cinéma, et Christophe Péro dans celle du pétrole?! C'était une vraie volonté?: celle de travailler de ses mains, en contact direct avec une clientèle locale.
"D'ailleurs, nous cherchons à lancer notre propre marque avec des cuirs made in France", renchérit Sébastien. Et ce n'est pas un hasard si l'activité du magasin n'a pas fléchi depuis la Covid?: "moins de 10?% de nos clients sont des touristes. 90?% sont des gens du quartier, qui viennent chez nous quoi qu'il arrive?! Et lorsqu'on leur répare un manteau de cuir qu'ils ne portaient plus à cause d'un accroc, c'est une économie non négligeable pour eux", conclut Christophe Péro.
Repères
Raison sociale : Renaissance Cuir
Activité : Maroquinerie
Localisation : Paris (IIIe)
Création : août 2012
Dirigeants : Christophe Péro et Sébastien Monier, 37 ans
Effectif : 2 personnes
CA : 75 k€