La Cordonnerie des Roches en mode "répar'acteur"
Publié par Frédéric Villiers le - mis à jour à
Jeter dès qu'un vêtement a un accroc ? C'est désormais dépassé ! Francis Groult, cordonnier dans la Meuse, répare tout ou presque... pour le plus grand bien de la planète et celui de votre portefeuille.
Depuis la semaine européenne de réduction des déchets, en novembre dernier, Francis Groult a affiché son slogan en vitrine de la Cordonnerie des Roches : "je répare, et ça repart !". Une ligne de conduite bien dans l'air du temps : quand les porte-monnaie sont vides, on répare davantage. Et la Meuse, qui avec 22 680 € n'est que le soixante-quinzième département de France en termes de revenu moyen des foyers, compte parmi les zones les plus rurales et les moins argentées de la région Grand Est.
Même les fermetures éclair !
Aussi, la reconversion de Francis Groult fut une évidence : "chez moi, j'ai toujours réparé, trié, recyclé". Lorsqu'en 2004, après un licenciement puis une formation à Metz, l'homme d'alors 40 ans devient cordonnier, il démarre sans un sou en poche : il lui faut emprunter 10 000 euros à la banque. "Ce qui n'alla pas sans mal. Et encore, le cordonnier qui vendait ne me faisait payer que le matériel, son fonds ne valant plus rien", avoue-t-il.
Son chiffre d'affaires, de 22 000 euros par an au début, augmente alors de 6 à 8 % chaque année. Signe que l'activité a rencontré une demande bien réelle. "Je fais réaliser à mes clients de bonnes affaires, se targue le cordonnier. Même sur des chaussures pas forcément de grand prix, achetées 30 ou 40 euros, je peux ressemeler ou reboucher un trou".
Des réparations qui commencent à 4 ou 5 euros seulement. Tout y passe : manteaux, sacs à main, bottes... Et surtout, Francis Groult est l'un des rares commerçants à s'occuper de points aussi délicats que les fermetures éclair. "Plus personne ne le faisait ! J'ai des clients qui viennent de Commercy, ou même de Verdun, à 40 minutes de route, exprès pour ça", raconte-t-il. Car un manteau qu'on ne met plus pour cause de zip cassé peut retrouver une deuxième jeunesse pour une quarantaine d'euros. "Ce qui n'est vraiment pas cher vu le temps passé et le matériel nécessaire, surtout pour du cuir", confirme le cordonnier.
Il était donc logique que la Cordonnerie des Roches reçoive le label "Répar'acteur" de la Chambre des métiers et de l'artisanat, lancé il y a sept ans par la région Nouvelle-Aquitaine et l'Ademe. Repris tout récemment dans la Meuse, il récompense tous les métiers dont l'artisan s'engage à réparer plutôt qu'à jeter, du réparateur de meubles à celui d'ordinateurs, de vélos ou de matériel agricole... en passant donc par la cordonnerie de Francis Groult. "Ça m'a ramené de la clientèle : depuis que j'ai affiché cette appellation, à l'automne dernier, j'ai davantage de monde, et qui vient de plus loin", se réjouit-il.
En lien direct avec la déchetterie
Dans la cordonnerie, tous les déchets sont triés et mis de côté : depuis les papiers usagés jusqu'aux morceaux de métal, même minuscules, résultat de l'activité de serrurerie. "La fabrication des clés en génère beaucoup. Et côté cordonnerie et travail du cuir, j'utilise aussi des aérosols, des solvants... Je les apporte donc régulièrement à la déchetterie, où tout cela sera dépollué. Dans la nature, ce serait une catastrophe", déplore-t-il.
Et puisqu'il est signataire de la charte des répar'acteurs, il figure en bonne place dans "l'annuaire de la réparation" de l'Ademe (https://www.annuaire-reparation.fr/), page web qui regroupe tous les artisans de chaque région qui, comme lui, vous font faire des économies tout en sauvegardant l'environnement !
Repères
Raison sociale : Cordonnerie des Roches
Activité : Réparations diverses
Siège : Saint-Mihiel (Meuse)
Création : 2004
Gérant : Francis Groult, 56 ans
Effectif : 1 personne
CA 2019 : 35 k€