La librairie Bulle au Mans est devenue grande
Publié par Frédéric Villiers le - mis à jour à
Au Mans, depuis bientôt quarante ans, la librairie Bulle est une institution de la BD. Un développement assuré par un patron passionné qui, de son propre aveu, a fondé son business plan sur... l'instinct.
"J'étais quand même un peu inconscient...", confie Samuel Chauveau, fondateur de la librairie Bulle. En 1980, il investit pour son activité à venir. "Ma paie de pion - 4 300 francs (655 €) - passait entièrement dans l'achat de bandes dessinées". Une somme qui fera office de premier budget de formation de l'entrepreneur, qui devient ainsi un spécialiste de son futur métier.
Deuxième bonne idée : s'attaquer à un créneau peu encombré. "Car on l'a oublié aujourd'hui, mais à ce moment-là très peu de librairies ne faisaient que de la BD !". Troisième bon plan : acheter à la baisse, autrement dit investir pour 76 225 €, un quartier en devenir, dans le Vieux Mans, "un peu à l'écart du centre et pas très valorisé à l'époque", se rappelle le libraire.
"Au début, une vraie caverne"
Samuel Chauveau a eu du nez : c'est à partir des années quatre-vingt que le secteur de la BD va exploser. "À l'époque sortaient 150 à 200 nouveautés chaque année. Aujourd'hui... c'est environ 5 000. Tant et si bien que notre local de 75 m2 devient vite plein à craquer !", explique Samuel. Or, la surface joue directement sur les ventes : il convient de s'agrandir.
Bulle loue alors d'autres vitrines dans la même rue, pour les objets dérivés du monde de la BD - des objets générateurs de marges intéressantes, là où le prix du livre, lui, est réglementé. Mais s'ils y voient un objet qui leur plaît, les clients sont obligés de venir demander la clé au magasin principal. Pas terrible pour le déclenchement de l'acte d'achat : "ça nuisait grandement à la fluidité, et le commerce en était entravé...".
En 2013, Bulle investit donc un grand local abandonné pour 900 k€. La rue est peu glamour... aussi, le libraire va s'occuper de la glamouriser. "On crée un beau et grand lieu très ouvert, en supprimant des planchers, en montrant la charpente..."
Là encore, l'idée est qu'un bel endroit attire, et donc fait vendre. Mais passer de 75 m2 à 200 m2, c'est beaucoup. "Nous devions augmenter la vente de 40 %". Or, l'investissement sur la déco du lieu fonctionne : dès le premier jour, les records des meilleures périodes sont battus ! "On a même vendu, un lundi, davantage qu'un avant-Noël".
Multiplier les événements
Pour attirer la clientèle, Bulle fait vivre la BD. "Nous avons ouvert à proximité une 'librairie éphémère' pour les dédicaces, poursuit le gérant. Elle est rapidement devenue trop petite et nous avons donc acheté pour 500 k€, un 'espace bis' de 180 m2 permettant d'accueillir tous nos événements. Trois jours par semaine, une vente centrée sur les objets et les images s'y déroule, en complément de la librairie principale qui reste spécialisée dans les albums".
Chaque année au mois de décembre, Bulle organise, avec le département, une rencontre avec les auteurs qui parfois arrivent en hélicoptère dans le site de l'abbaye cistercienne de Lépeau qui, pendant trois mois, accueille ensuite une exposition. "Et toute l'année, nous avons quasiment une rencontre avec un auteur tous les huit jours, avec des projections, et une capacité de 90 spectateurs assis !", conclut Samuel.
Repères
Raison sociale : Librairie Bulle
Activité : Librairie spécialisée
Siège social : Le Mans (Sarthe)
Création : janvier 1983
Dirigeant : Samuel Chauveau, 57 ans
Effectif : 13 personnes (9,5 ETP)
CA 2019 : 2,2 M€