Bellatrix : des lunettes branchées Guadeloupe
Publié par Julien Ruffet le - mis à jour à
Richard Trèfle a été exclu du système scolaire, où il s'ennuyait, et a dû apprendre "sur le tas" l'optique et l'entreprenariat. Ce qui ne l'a pas empêché de faire de sa marque une histoire à succès.
Lorsque Richard Trèfle raconte avec bonheur la genèse de Bellatrix, sa marque de lunettes, l'auditeur peut d'abord croire que tout fut simple. Sa ténacité lui a pourtant permis de surmonter bien des difficultés. "J'ai eu des problèmes financiers, peu de budget pour démarrer. Je lavais des voitures le soir pour payer certaines charges", relate-t-il en riant.
Tout commence il y a sept ans, alors que ce responsable d'atelier dans un magasin d'optique passe une semaine en formation avec des meilleurs ouvriers de France (MOF) lunetiers. "Je me suis démarqué par ma curiosité et mon envie de toucher la matière, et je me suis lié avec l'un d'eux, André Chaudier, se souvient Richard Trèfle. C'est lui qui m'a vraiment appris les bases de la fabrication, et qui m'a encouragé à créer ma propre marque."
Problème : en Guadeloupe, où vit le jeune homme, la clientèle préfère les marques déjà connues, telles Gucci ou Ralph Lauren. Son mentor lui conseille donc de réfléchir à une valeur ajoutée qui attirera l'attention des gens. Richard Trèfle a l'idée d'utiliser le madras, un tissu très courant aux Antilles, et très reconnaissable. Aujourd'hui encore, il utilise au maximum des matériaux locaux et naturels : fibre de coco, sable, bois ou encore wax, composent les branches de ses lunettes.
Seules les plaques d'acétate, un plastique naturel formé de coton et pulpe de bois, sont importées du Jura. "Les gens aiment le fait que j'essaye de véhiculer l'image de la Guadeloupe dans mes lunettes, affirme Richard Trèfle. Et comme je suis le seul aux Antilles à réaliser des montures à la main, ça a attiré l'attention des médias. Puis, trois mois après la création de Bellatrix, nous avons participé au salon mondial de l'optique, à Villepinte. C'est là que j'ai commencé à avoir ma première clientèle internationale. Après, il y a eu un reportage sur France Ô, la participation à des événements, et notamment le festival de Cannes, qui a vraiment fait exploser les choses."
À l'assaut de la planète
Bellatrix est maintenant vendue chez quatre opticiens français, mais aussi un à Washington, premier pas d'un développement espéré aux États-Unis. "La clientèle n'est pas négligeable, au vu des contacts que nous avons eus avec certaines stars et de l'appétence des fans à avoir ce que portent leurs idoles, souligne Richard Trèfle en faisant référence aux montures créées notamment pour Spike Lee et Naomi Campbell. La clientèle américaine est très réactive, et sensible à la touche française : c'est une bonne opportunité pour se faire connaître."
Et même si les États-Unis sont pour lui un "rêve de gamin", son objectif est désormais de vendre ses lunettes sur la terre entière. Depuis janvier 2019, cette notoriété construite à l'étranger lui a aussi permis de connaître le succès chez lui, en Guadeloupe, où son carnet de rendez-vous est rempli plusieurs mois à l'avance. Les clients sont prêts à attendre longtemps pour obtenir les conseils de Richard Trèfle, qui a par ailleurs suivi une formation de visagiste.
"La clientèle actuelle cherche une monture unique, mais aussi adaptée à son visage", explique celui qui espère aussi que son histoire en inspirera d'autres. "Il ne faut jamais rien lâcher. Si on a envie de faire quelque chose, même si on hésite, il faut oser entreprendre", conclut Richard.
Repères
Raison sociale : Bellatrix
Activité : Fabrication de lunettes
Siège social : Baie-Mahault (Guadeloupe)
Date de création : Juin 2015
Dirigeant : Richard Trèfle, 38 ans
Effectif : 3 personnes
CA 2018 : NC