Les Pros ont du talent 2022
Publié par Sécurité Routière le - mis à jour à
Les Pros poursuivent leur engagement dans la lutte contre les accidents de la route, première cause de décès au travail. À l'occasion de l'édition 2022 du Prix « Les Pros ont du talent », 3 lauréats de la catégorie « sécurité routière » seront récompensés le 10 octobre. Un prix qui valorise les initiatives les plus ambitieuses et efficaces en faveur de la sécurité sur les routes.
OEuvrer à l'amélioration des comportements routiers de ses collaborateurs est une priorité pour beaucoup de chefs d'entreprise. Pour cette édition, l'ambition est identique : récompenser les employeurs qui luttent activement contre les accidents de la route. Gardons en effet à l'esprit que ces accidents représentent le premier risque mortel professionnel. En effet, 454 personnes ont été tuées en 2021 lors d'un déplacement lié au travail, dont les 3/4 à l'occasion d'un trajet domicile-travail. Ces accidents représentent 15 % de la mortalité routière dans son ensemble. Sans oublier les lourdes conséquences pour les entreprises : 4,8 millions de journées d'arrêt de travail chaque année. Une victime d'un accident de la route, en lien avec le travail, est contrainte de s'arrêter 96 jours en moyenne.
Pour s'engager dans ce combat, les petites entreprises multiplient les initiatives : mise à disposition de planning avant les déplacements des salariés afin de les anticiper, organisation de journées d'information, accompagnement des nouvelles recrues par des auto-écoles, etc.
Pour afficher leur mobilisation, plus de 2 200 employeurs ont signé les 7 engagements pour une route plus sûre : l'interdiction du téléphone au volant, la sobriété sur la route, la ceinture de sécurité en toutes circonstances, les temps de repos inclus dans le calcul des temps de trajets, le respect des limitations de vitesse, la formation à la sécurité routière et l'encouragement à s'équiper pour les conducteurs de deux-roues. Trois chefs d'entreprise recevront un trophée le 10 octobre 2022 à l'occasion d'une cérémonie de remise des prix. Les trois lauréats nous expliquent les mesures prises dans leur société pour lutter activement contre l'accidentalité routière au travail.
Dreneri
« Les véhicules ont été remplacés progressivement pour éviter la projection d'objets dans l'habitacle, notamment grâce aux cabines avec coffres », Estelle Girault-Dreneri, dirigeante de Dreneri Bâtiment.
Pourquoi avez-vous souhaité vous impliquer dans les problématiques de sécurité routière ?
Lors de mon arrivée en 2013, la mise à jour du document unique en lien avec la sécurité routière a été un élément clé pour une prise de conscience. Rien n'avait été fait pour rendre la route plus sûre. Dans le même temps, l'état des lieux sur l'aspect social et économique n'était pas glorieux : une quinzaine de procès-verbaux reçus chaque année (pour vitesse et surcharge) et près de 60 000 euros de coûts liés aux diverses réparations (en hausse de 25 % sur 4 ans).
Qu'avez-vous mis en place ?
Il a fallu durcir le ton afin de sensibiliser les salariés face aux risques routiers. Pour les responsabiliser, j'ai non seulement mis en place une journée d'information visant à rappeler les dangers représentés par la vitesse, l'alcool, l'arrimage, etc., tout en créant une charte de bonne conduite. Des autocollants ont également été posés sur les parebrises, rappelant les interdictions sur le téléphone au volant ou l'obligation de la ceinture de sécurité. De plus, une vérification des permis de conduire est effectuée tous les 6 mois. Sur l'aspect économique, un tableau Excel a été créé concernant les coûts de chaque véhicule et un remplacement progressif des engins a été effectué pour passer de double cabine à simple avec coffres, afin d'éviter la projection d'objets dans l'habitacle. Enfin, je suis en contact avec un organisme de formation (Go Formation) pour débuter des sessions cet hiver, notamment sur les engins (vérification avant utilisation, prise en main, etc.).
Quel bilan tirez-vous de ces actions ?
Les résultats sont positifs. De 15 procès-verbaux par an, nous sommes tombés à 0. Les dépenses en réparation ont chuté d'un tiers et les pleins de carburants ont été revus à la baisse. Dans le même temps, les conducteurs sont plus responsabilisés à l'entretien des véhicules et à leur nettoyage (intérieur et extérieur). Enfin, les matériaux et matériels transportés sont mieux arrimés.
Radeau
« Notre objectif est de créer des conditions de sécurité optimales sur la route », Rémy Collot, gérant de Radeau.
Comment est née votre volonté de vous impliquer dans les problématiques de sécurité routière ?
Avec 650 kilomètres effectués quotidiennement (répartis sur 6 véhicules) pour assurer le portage des repas aux bénéficiaires, notre objectif est de créer des conditions de sécurité optimales sur la route. Aussi, lorsqu'en 2001 j'ai dû mettre en place le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP), j'ai pris conscience des dangers liés aux comportements routiers. Même si, après analyse des véhicules, seuls des petits chocs sur l'arrière ont été constatés, nous avons décidé d'instaurer une stratégie de prévention des risques.
Quelles sont les mesures mises en oeuvre ?
Tout nouvel employé est formé en 3 temps. Un accompagnement en interne rappelle les fondamentaux à la conduite automobile. Ensuite, une formation est assurée par une auto-école durant au minimum 2 heures, afin d'apprendre à manoeuvrer un véhicule frigorifique. Puis, les salariés sont formés par Centaure durant 2 jours. Tous les 3 ans, nous réservons un samedi pour rappeler aux salariés les bases de la conduite via un centre spécialisé. Par ailleurs, les collaborateurs doivent effectuer à chaque prise de véhicule une vérification (pneus, carrosserie, propreté, etc.). Une application développée sur tablette permet de suivre l'entretien des véhicules. Depuis 10 ans, une autre application a été créée pour simplifier la communication avec les agents de portage. Seuls les appels pour des imprévus sont autorisés, via le Bluetooth du véhicule. De plus, si le conducteur ne respecte pas les limitations de vitesse, grâce à la géolocalisation, un mail lui est envoyé ultérieurement pour le « rappeler à l'ordre ». Enfin, nous sommes également signataires des 7 engagements pour une route plus sûre.
Quel bilan tirez-vous de vos démarches en place ?
Depuis 24 ans, aucun accident corporel n'a été constaté, quelques accidents matériels seulement. En 2021, aucun procès-verbal n'a été réceptionné concernant des accidents. Les seuls reçus l'ont été pour des motifs de stationnements trop longs.
CEPI
« L'engagement doit d'abord être porté par la direction générale, notamment sur une politique de tolérance zéro », Jean-Michel Pinel, gérant de CEPI.
Qu'est-ce qui vous a motivé à vous engager en faveur de la sécurité routière ?
Aucune action, ou presque, n'avait été mise en place avant 2015, année durant laquelle j'ai repris l'entreprise : absence de règlement intérieur, communication intégrant le risque routier inexistante, etc. Par ailleurs, les heures de route n'étaient pas comptabilisées dans le temps de travail et aucune stratégie n'avait été élaborée pour lutter contre les accidents de la route. En 2015, 30 procès-verbaux pour excès de vitesse ont d'ailleurs été déclarés dans notre société.
Quelles principales dispositions avez-vous prises pour accompagner vos collaborateurs ?
Elles ont été prises en fonction de plusieurs critères. D'une part sur une tolérance zéro, notamment concernant le téléphone au volant, avec une consigne claire : seul le collègue qui ne conduit pas peut répondre à un appel. D'autre part sur une responsabilité accrue : en pratique, cela signifie une mise à disposition pour les conducteurs en fin de semaine du planning pour la semaine suivante. Les déplacements peuvent ainsi être préparés et anticipés (avec une prise en charge des frais d'hôtels). Une responsabilité qui se traduit également par la présence d'un badge d'authentification pour chaque conducteur.
Sur le plan de la sécurité des véhicules, ils sont désormais équipés d'une séparation entre la zone de conduite et celle du matériel stocké, sans oublier l'installation de la climatisation et du régulateur de vitesse. De plus, tous nos véhicules sont tracés et permettent de réaliser des analyses de conduite.
Enfin, nous avons signé en octobre 2021 les 7 engagements pour une route plus sûre.
Quel bilan tirez-vous de vos démarches mises en place ?
Notre objectif était de développer une réelle culture sécurité, tout en identifiant les « presque » accidents. Par ailleurs, une baisse drastique du nombre de procès-verbaux reçus était incontournable. Le succès est là puisque nous en recevons désormais rarement : moins de 3 par an. Mieux, aucun accident n'est à déplorer.